SFR sur le fil : les chiffres rassurent, la vente inquiète
SFR connaît un répit après une longue période d'érosion commerciale. Mais derrière ce frémissement, les discussions autour d'une possible cession, combinées à une procédure de sauvegarde accélérée, maintiennent la tension au sein du groupe.
Un regain commercial limité mais surveillé
Après avoir perdu un million d'abonnés mobiles en 2024, SFR a mis un coup d'arrêt à sa chute. Au premier trimestre 2025, l'opérateur a annoncé un gain de 8 000 clients sur le mobile et une perte de 5 000 sur le fixe.
Mathieu Cocq, directeur général de SFR, a déclaré : "Nos performances commerciales se sont améliorées tant en matière d'acquisition que de fidélisation" de clients, selon Le Monde. Ce retournement suit la mise en place d'une grille tarifaire unique, sans promotions. L'objectif, selon un porte-parole cité dans le même article, est de "ne pas perdre davantage de clients".
Les revenus et le bénéfice net, en revanche, continuent de baisser. Le redressement commercial reste insuffisant face à la pression concurrentielle dans un marché où les prix sont très bas.
Une vente envisagée dans un contexte de désendettement
Ce rétablissement intervient alors qu'Altice France, maison mère de SFR, a signé en février un accord avec 90% de ses créanciers, ramenant sa dette de 24 à 15 milliards d'euros. Depuis, l'éventualité d'une cession, totale ou partielle, est évoquée dans le secteur.
Bloomberg avance une valorisation possible de 30 milliards d'euros. Une source impliquée dans les négociations estime qu'elle se situe plutôt autour de 26 milliards. De leur côté, les analystes de JP Morgan évoquent un montant plus proche de 20 milliards. Ces projections incluent un éventuel effet positif d'une consolidation du marché.
Orange, Bouygues Telecom et Free sont cités parmi les repreneurs potentiels. Laure de La Raudière, présidente de l'Arcep, a déclaré que le nombre d'opérateurs n'est "pas un chiffre magique". Elle n'exclut pas une concentration du secteur, sous réserve d'un accord des autorités de concurrence.
Un climat social marqué par la prudence
En interne, les salariés restent en alerte. L'entreprise, qui compte environ 8 000 employés, a déjà connu deux plans sociaux en 2016 et 2021. La procédure de sauvegarde engagée cette année ravive les inquiétudes.
Dans Les Échos, Laurent Penon, représentant CFDT SFR, déclare : "Les équipes sont confrontées à des clients qui se demandent s'ils ont intérêt à garder leurs abonnements SFR dans le cas où ça s'arrêterait".
La crainte d'une reprise par un concurrent alimente les doutes sur d'éventuels doublons dans les services techniques ou commerciaux. Sud-Solidaire SFR évoque dans un communiqué, le risque d'une "casse sociale" en cas de vente par appartements.
Certains collaborateurs estiment que les chiffres avancés sur la valorisation de l'entreprise visent surtout à rassurer les créanciers. Pour eux, l'idée d'une vente imminente relève encore de la spéculation.