Bruxelles s'attaque aux failles de vérification d'âge sur les sites pornographiques
La Commission européenne a ouvert une série d'enquêtes visant quatre plateformes pornographiques majeures. Elle leur reproche de ne pas avoir mis en place de dispositifs efficaces pour empêcher les mineurs d'accéder à leurs contenus.
Des plateformes sous surveillance pour non-conformité au DSA
Depuis le 27 mai 2025, Pornhub, XVideos, XNXX et Stripchat font l'objet d'enquêtes ouvertes par la Commission européenne. Ces plateformes sont soupçonnées de ne pas respecter le Digital Services Act (DSA), qui impose la mise en place de mécanismes concrets pour vérifier l'âge des utilisateurs. En l'état, l'accès repose sur une simple déclaration, sans authentification renforcée.
La commissaire Henna Virkkunen, chargée de la mise en œuvre du DSA, a rappelé que l'objectif de l'Union est de garantir une navigation en ligne sûre pour les mineurs. Si les manquements sont confirmés, les sanctions peuvent atteindre 6% du chiffre d'affaires mondial, voire conduire à une interdiction d'activité dans l'Union, selon L'Express.
Selon l'Arcom, 2,3 millions de mineurs consultaient chaque mois des sites pour adultes en 2023. En 2024, 33% des adolescents de 12 à 17 ans ont visité Pornhub en un mois, un taux supérieur à celui observé chez les adultes.
Un encadrement renforcé pour les très grandes plateformes
Les plateformes visées dépassent les 45 millions d'utilisateurs mensuels en Europe, seuil à partir duquel s'appliquent des obligations spécifiques du DSA. Le texte exige notamment que les services numériques évaluent et réduisent les risques liés à leurs usages, avec une attention particulière à la protection des mineurs.
La Commission considère que les mesures prises à ce jour ne permettent pas de prévenir les effets négatifs sur les droits de l'enfant ni sur la santé mentale des utilisateurs. Pour y remédier, l'Union prépare une application de vérification d'âge, prévue pour l'été 2025.
Aylo, maison mère de Pornhub, indique s'engager à restreindre l'accès aux seuls majeurs, tout en privilégiant des solutions techniques installées sur les appareils. La Commission estime néanmoins que ces démarches sont insuffisantes.
Stripchat devrait être retirée de la liste des très grandes plateformes après vérification de son audience, mais reste concernée par le DSA dans l'intervalle.
Coordination avec les autorités nationales
La Commission a annoncé une coopération renforcée avec les régulateurs des États membres pour appliquer ces exigences à l'ensemble du secteur. Les Echos rappellent qu'en France, l'Arcom a déjà mis en demeure deux sites en avril 2025, sur la base de la loi SREN.
Bruxelles a également réuni les autorités nationales en début de semaine afin d'harmoniser les actions à venir. Des lignes directrices sont en cours de consultation pour établir des standards plus stricts en matière de vérification d'âge.