Surtaxe à 50% sur l'aluminium et l'acier : l'Amérique braque ses partenaires
Les États-Unis appliquent depuis ce 4 juin une surtaxe doublée sur l'acier et l'aluminium importés. Cette décision, prise par décret présidentiel, a déclenché de vives réactions parmi les partenaires commerciaux de Washington.
Une mesure justifiée par la "sécurité nationale", selon Donald Trump
Dans un décret signé le 3 juin et entré en vigueur le lendemain à 00h01 heure locale, les droits de douane sur l'aluminium et l'acier ont été portés de 25% à 50%. Le président américain a justifié cette hausse en invoquant la nécessité de préserver la capacité industrielle du pays face à des importations jugées trop abondantes.
D'après le texte cité par Le Monde, cette mesure vise à "ajuster les importations pour s'assurer qu'elles ne mettront pas en péril la sécurité nationale". Le chef de l'État a ajouté que les précédents tarifs "n'ont pas permis à ces industries de développer et de maintenir un taux d'utilisation des capacités de production qui soit suffisant". Cette augmentation concerne directement plusieurs fournisseurs étrangers, dont le Canada et le Mexique, ainsi que les pays de l'Union européenne.
L'acier et l'aluminium avaient déjà été ciblés en mars par une première surtaxe de 25%, entrée en vigueur le 12. Les États-Unis importaient alors environ la moitié de ces deux matériaux utilisés sur leur territoire, selon les chiffres rapportés par BFM TV.
Réactions immédiates du Canada, du Mexique et de l'Union européenne
Le gouvernement canadien, premier fournisseur des États-Unis pour ces métaux, a rapidement dénoncé la décision. Il considère ces droits de douane sur l'aluminium et l'acier comme étant "illégaux et injustifiés", selon un communiqué cité par France 24. Le Canada avait déjà porté plainte le 13 mars devant l'Organisation mondiale du commerce après la première vague tarifaire.
De son côté, le ministre de l'Économie du Mexique, Marcelo Ebrard, a jugé ces droits de douane "absurdes, insoutenables et incommodes". Il a annoncé vouloir "demander que le Mexique soit exclu". Le Mexique exporte plus de 80% de sa production vers les États-Unis, dont une grande partie concerne justement l'acier.
La Commission européenne a également critiqué la mesure. Elle a indiqué regretter "vivement" ces nouvelles taxes qui "sapent les efforts en cours pour parvenir à une solution négociée". L'UE se prépare à réagir si de nouvelles hausses devaient la cibler plus directement.
Vers une extension à d'autres secteurs industriels
L'administration américaine prévoit d'étendre ces barrières tarifaires à d'autres secteurs, dont l'automobile, les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs. Ces catégories sont incluses dans une série de droits de douane dits "réciproques", que la Maison Blanche considère comme conformes au droit américain après une décision de justice récente.
Le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, a enchaîné les entretiens bilatéraux en marge d'une réunion de l'OCDE, à Paris, alors que les tensions montent. En parallèle, les discussions avec la Chine ralentissent autour de l'accès aux métaux rares, malgré la signature d'un accord de désescalade mi-mai à Genève. Le secrétaire adjoint au Trésor, Michael Faulkender, a néanmoins affirmé que les négociations "progressent bien".
L'OCDE prévoit désormais une croissance américaine limitée à 1,6% en 2025, contre 2,4% avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, en raison de ce qu'elle qualifie de "fièvre tarifaire".