Accusé d'étouffer la concurrence, Apple devra s'expliquer devant un tribunal

Accusé d'étouffer la concurrence, Apple devra s'expliquer devant un tribunal Un juge américain a validé la recevabilité des poursuites engagées par le ministère de la Justice et une vingtaine d'États. L'affaire pourrait marquer un tournant dans la régulation des grandes entreprises du numérique.

Depuis mars 2024, Apple fait l'objet d'une procédure judiciaire inédite aux États-Unis. Portée par le ministère de la Justice et soutenue par 19 États américains, cette plainte accuse le géant californien de verrouiller son écosystème pour maintenir l'iPhone en position dominante. La tentative d'Apple de faire annuler la procédure vient d'échouer. Un procès se prépare.

Le verrouillage de l'iPhone au cœur de l'accusation

Le juge fédéral Julien Xavier Neals, basé à Newark, a estimé que les éléments présentés par les autorités étaient suffisamment solides pour justifier une mise en procès. Il s'agit d'un tournant décisif dans cette affaire, qui place Apple au centre d'un débat brûlant sur la libre concurrence dans l'univers technologique.

Comme le rapporte Le Monde, l'accusation repose en grande partie sur des documents internes montrant qu'Apple aurait agi sciemment pour freiner le développement d'applications accessibles sur plusieurs plateformes. L'objectif : rendre les alternatives moins attractives face à l'expérience exclusive offerte par l'iPhone.

Le groupe de Cupertino aurait ainsi limité l'interopérabilité de ses services, verrouillant son écosystème au détriment de l'innovation et de la concurrence. Cette stratégie aurait permis de consolider sa position sans laisser de place aux acteurs tiers.

Une riposte judiciaire emblématique de la tech américaine

Cette plainte s'inscrit dans une série d'actions menées contre les grandes entreprises technologiques américaines. Google, déjà reconnu coupable d'abus de position dominante dans la recherche en ligne, attend prochainement sa sanction dans un autre dossier portant sur la publicité. Meta, de son côté, fait également face à une procédure pour monopole sur les réseaux sociaux.

Selon Le Figaro, la tentative d'Apple de faire invalider les accusations en août dernier n'a pas convaincu le juge. L'entreprise faisait valoir que sa position dominante n'était pas démontrée, rappelant que les smartphones Android restent majoritaires au niveau mondial. Un argument jugé insuffisant dans le cadre de ce procès centré sur le marché américain.

Cette série de procédures marque un tournant dans l'attitude des autorités antitrust, longtemps accusées de laxisme face aux géants du numérique. Le cas Apple pourrait devenir emblématique d'un durcissement durable.

Vers un procès qui pourrait redessiner les règles du numérique

Le procès à venir pourrait servir de référence dans la régulation des écosystèmes numériques fermés. Le cœur du débat ne repose pas uniquement sur la part de marché d'Apple, mais sur sa capacité à verrouiller les usages dans un univers logiciel et matériel contrôlé de bout en bout.

Une éventuelle condamnation pour abus de position dominante Apple créerait un précédent aux États-Unis. Elle pourrait inciter d'autres régulateurs, notamment en Europe, à intensifier leurs propres actions contre des pratiques jugées anticoncurrentielles. À mesure que l'économie numérique devient centrale dans la vie quotidienne, la question du contrôle des plateformes gagne en importance.