Zone euro : la France décroche sur le terrain de la dette

Zone euro : la France décroche sur le terrain de la dette Alors que l'Italie, le Portugal ou la Grèce parviennent à redresser leurs finances, la France continue d'accumuler les milliards de déficit. Une dynamique inverse qui alimente l'inquiétude des agences de notation.

La dette publique française vient de franchir un nouveau cap. Elle s'élève à 3 416 milliards d'euros, soit 115,6 % du produit intérieur brut, selon l'Insee. Ce niveau n'avait encore jamais été atteint. Pendant ce temps, plusieurs pays européens, autrefois considérés comme fragiles, parviennent à alléger leur dette.

Une dette qui grossit, des taux qui montent

Entre avril et juin 2025, la dette publique a augmenté de 70,9 milliards d'euros. En un an, elle a progressé de 187 milliards. Le déficit public reste élevé : il devrait atteindre 5,4 % du PIB cette année. Charles de Courson, rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, estime qu'il pourrait même grimper à "5,6 % ou 5,7 %", notamment à cause de la baisse des recettes de TVA liée au ralentissement de la consommation, selon Le Monde.

Pour combler cet écart, le pays emprunte massivement sur les marchés. Mais les conditions se durcissent. Le taux d'intérêt moyen demandé par les investisseurs approche désormais les 3,6 %, un niveau supérieur à celui que paient le Portugal, l'Espagne ou même la Grèce. Conséquence directe : le coût annuel de la dette explose. Il était de 60 milliards d'euros en 2024, il devrait atteindre 67 milliards cette année, puis grimper à 75 milliards en 2026, et 85 milliards en 2027, toujours selon Le Monde.

En septembre, l'agence Fitch Ratings a abaissé la note de la France à A+, avec cette alerte : "La France risque de dépasser les 120 % de dette d'ici 2027", rapportée par Le Figaro. Avec 115,6 % du PIB déjà atteints, la France est aujourd'hui le troisième pays le plus endetté de la zone euro, derrière la Grèce et l'Italie.

Une trajectoire à contre-courant de ses voisins

Le contraste avec d'autres pays européens est de plus en plus marqué. Le Portugal est passé de 134,9 % de dette en 2020 à 96,4 % début 2025. L'Espagne a ramené la sienne à 103,5 %, après avoir atteint un pic à 124,2 %. Même l'Italie et la Grèce, pourtant plus endettées que la France, ont entamé une décrue.

Ces pays ont engagé des réformes budgétaires profondes au cours des dernières années. La Suède, par exemple, confrontée à un déficit de 11 % du PIB dans les années 1990, avait réduit le nombre de fonctionnaires, revu les pensions et repoussé l'âge de départ à la retraite. Aujourd'hui, sa dette publique est de 33,5 % du PIB, contre 26,1 % pour le Luxembourg.

De son côté, la France n'a pas réduit ses dépenses publiques depuis plus de 30 ans. D'après une analyse de Fipeco citée dans Le Figaro, les périodes d'amélioration budgétaire ont surtout été liées à des hausses d'impôts ou à des conjonctures favorables. Alvaro Pereira, chef économiste de l'OCDE, rappelle : "La France doit être très prudente sur ses finances dans les prochaines années. Il faut tirer les leçons de ce qui s'est passé dans des pays comme l'Italie, le Portugal et d'autres.