Déficit : Pierre Moscovici plaide pour un "vrai projet de loi de finances complet et détaillé"

Déficit : Pierre Moscovici plaide pour un "vrai projet de loi de finances complet et détaillé" Face à des prévisions de déficit revues à la hausse, le premier président de la Cour des comptes plaide pour un budget de "rupture".

"Un pays trop endetté est un pays impuissant !" Alerte Pierre Moscovici dans Le Parisien. Alors que le futur gouvernement de Michel Barnier devra s'emparer en hâte du projet de loi de finances en vue du budget de l'année 2025, le premier président de la Cour des comptes insiste sur les enjeux de ce texte, dans une interview publiée ce dimanche 8 septembre. Face à un déficit public qui pourrait atteindre 5,6% du PIB en 2024, il demande "une rupture".

"À titre personnel, je plaide pour qu'un vrai projet de loi de finances, complet et détaillé, soit déposé", déclare Pierre Moscovici. "Et non pas qu'on parte d'un squelette, d'une architecture à dépense constante, qui ensuite serait amendé. Cela ne réduirait pas suffisamment les déficits, et la qualité de la dépense publique ne serait pas améliorée", craint-il. Le 20 août, l'ancien Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal avait proposé un gel des dépenses de l'Etat pour 2025.

"Le budget le plus délicat de la Ve République"

"On peut faire des économies intelligentes, qui ne dégradent pas les services publics", assure le premier président de la Cour des comptes. Pour cela, il appelle à "des mesures et des réformes crédibles". Selon lui, un réforme fiscale "ne peut pas être tabou", même s'il ne serait "pas bon", estime-t-il, d'"attendre des dizaines de milliards de recettes d'un alourdissement écrasant de la fiscalité'. Une chose est sûre : "Ce sera sans doute le budget le plus délicat de la Ve République."

Quid de la loi de programmation des finances publiques, votée en 2023, qui fixe l'objectif de repasser sous les 3% de déficit d'ici à 2027 ? Au regard de la revue à la hausse des prévisions du déficit français, Pierre Moscovici juge ce plan "caduque". "Je dirais même que sa trajectoire est devenue peu vraisemblable et pas forcément souhaitable", estime-t-il. Car pour s'en tenir à cet objectif, "il faudrait faire une centaine de milliards d'euros d'économies en trois ans" : "C'est brutal, c'est difficilement faisable politiquement, peu acceptable socialement et économiquement guère cohérent."