L'Australie s'apprête à interdire les réseaux sociaux aux moins de 14 ou 16 ans

L'Australie s'apprête à interdire les réseaux sociaux aux moins de 14 ou 16 ans Alors que les témoignages sur les dangers numériques se multiplient, l'Australie teste une technologie de contrôle de l'âge avant de promulguer une législation visant à limiter l'accès aux plateformes sociales pour les mineurs.

Le projet de loi du gouvernement australien visant à interdire l'accès aux réseaux sociaux pour les jeunes de moins de 14 ou 16 ans, en fonction de la décision finale, est sur le point de se concrétiser. Cette initiative intervient à la suite de préoccupations croissantes concernant les effets des réseaux sociaux sur la santé mentale et physique des jeunes.

Un cadre législatif en réponse aux dangers des réseaux sociaux

Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a officiellement annoncé que l'Australie va imposer une limite d'âge pour l'utilisation des réseaux sociaux, en visant une tranche d'âge entre 14 et 16 ans. Cette décision fait suite à de nombreuses études mettant en lumière les effets néfastes de l'utilisation excessive des réseaux sociaux chez les jeunes, notamment sur leur santé mentale.

"Je veux voir les enfants loin de leurs écrans et sur les terrains de foot, dans les piscines et sur les courts de tennis", a déclaré Anthony Albanese lors d'une interview accordée à la chaîne nationale ABC, cité par Reuters.

Ce projet de loi est conçu pour offrir aux parents un outil supplémentaire afin de protéger leurs enfants des risques du harcèlement en ligne et de l'exposition à des contenus inappropriés. Le Premier ministre a exprimé sa volonté de voir cette mesure en vigueur avant la fin de l'année 2024. Un test de vérification de l'âge des utilisateurs sera mis en place avant l'application de la loi, afin de tester la faisabilité et l'efficacité du système.

D'après des chiffres récents du gouvernement australien, plus de 80% de la population utilise les réseaux sociaux, y compris une grande proportion de jeunes. Ce pourcentage place l'Australie parmi les nations les plus connectées au monde, augmentant ainsi la nécessité d'une régulation plus stricte des usages numériques chez les mineurs.

Une initiative saluée mais controversée

La loi proposée, bien qu'elle soit soutenue par certains partis politiques et une large partie de la population, fait également face à des critiques. Peter Dutton, chef de l'opposition conservatrice, a manifesté son soutien au projet, soulignant que "chaque jour de retard laisse les jeunes enfants vulnérables aux menaces des réseaux sociaux", cité dans La Tribune.

Toutefois, certains experts du numérique estiment que cette mesure pourrait avoir des conséquences inattendues. Daniel Angus, professeur à l'université de Technologie du Queensland, a qualifié le projet d'"imprudent" et "irréfléchi". Selon lui, cette restriction pourrait inciter les jeunes à migrer vers des plateformes moins réglementées, où ils seraient encore plus exposés à des contenus inappropriés et des menaces en ligne.

Un autre expert, Toby Murray, professeur associé à l'université de Melbourne, a mis en garde contre les défis techniques liés à la mise en œuvre d'une telle limite d'âge.

Un enjeu international

L'Australie n'est pas le seul pays à envisager des restrictions d'âge pour les réseaux sociaux. Aux États-Unis, un projet similaire a été présenté en Floride, fixant un âge minimum de 14 ans pour la création de comptes sur les plateformes, avec un accord parental requis jusqu'à 16 ans.

En Europe, des initiatives ont également vu le jour, mais ont souvent échoué à cause des préoccupations liées à la protection des droits numériques des mineurs. Le président français, Emmanuel Macron, a lui aussi abordé le sujet, se déclarant favorable à l'interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, dans le cadre d'une stratégie plus large visant à limiter l'exposition des jeunes aux écrans.

Le débat reste ouvert sur l'efficacité et les conséquences d'une telle mesure. Cependant, avec l'entrée en vigueur de cette loi, l'Australie pourrait devenir l'un des premiers pays à instaurer une limite d'âge stricte pour l'accès aux réseaux sociaux, plaçant ainsi la question de la sécurité numérique des jeunes au centre des priorités législatives.