Nouveau gouvernement : Michel Barnier en quête d'un difficile équilibre
Michel Barnier a mené ce week-end plusieurs entretiens téléphoniques bilatéraux avec de potentiels futurs ministres, selon les informations des Echos. Le Premier ministre doit accélérer le pas s'il veut s'en tenir à sa promesse de nommer un gouvernement d'ici à la fin de la semaine. Jeudi dernier, il s'est engagé à former un exécutif "équilibré, représentatif, pluriel". Mais la tâche n'est pas si simple.
Accueilli en héros aux journées parlementaires des Républicains la semaine dernière, Michel Barnier semble avoir conquis la confiance de sa famille politique. Si bien qu'au sein du camp présidentiel, on commence à craindre que les meilleures places reviennent à la droite. C'est le cas du ministre sortant du MoDem Marc Fesneau, qui plaide dans la Tribune Dimanche pour "un équilibre gouvernemental qui tienne compte de la réalité de l'Assemblée. Or LR, avec ses 47 députés, est en train de se comporter de la même manière que le Nouveau Front populaire, qui, cet été, estimait qu'il pouvait imposer sa politique même s'il ne disposait que de 193 voix", déplore le fidèle de François Bayrou.
"De nouveaux visages"
La question du maintien de certains ministre sortants se pose également : Gérald Darmanin, qui a été reçu par Michel Barnier ce samedi, n'a reçu aucune assurance de son maintien, selon plusieurs sources. "Ce nouveau gouvernement doit aussi s'illustrer avec de nouveaux visages, de nouvelles personnalités et talents", justifie un proche de Michel Barnier, selon lequel le Premier ministre aura "les coudées franches". L'ancien commissaire européen l'a dit la semaine dernière : il ne s'agira "pas d'un remaniement" mais bien d'un "nouveau gouvernement".
Il faut dire aussi qu'une partie des macronistes rechignent à intégrer la coalition gouvernementale. Et pour cause, depuis la nomination de Barnier, la Droite républicaine n'a de cesse de critiquer leur bilan et de réclamer une rupture. Pour les députés d'Ensemble pour la République, menés par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, "c'est l'humiliation permanente", pointe un cadre du camp présidentiel. Plusieurs figures de l'ancienne majorité ont d'ailleurs déjà indiqué avoir refusé un poste offert par Barnier, dont les deux anciens chefs de gouvernement Elisabeth Borne et Jean Castex.
La gauche botte en touche
Quant à la promesse de Michel Barnier d'ouvrir son gouvernement à la gauche, elle semble bien difficile à tenir : les personnalités de l'aile droite du parti socialiste qui ont été approchées ont tour à tour décliné l'invitation, de la présidente de la région Occitanie Carole Delga au maire du Mans Stéphane Le Foll, en passant par le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane.
Ces difficultés pourraient bien forcer Michel Barnier à doucher certaines ambitions au sein de son propre camp : ainsi, les noms de figures de la droite dure comme Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, cités pour intégrer des ministères prestigieux, semblent remis en doute, selon un cadre LR à Politico, tant ils risquent d'être des repoussoirs susceptibles de compromettre l'entente avec d'autres familles politiques.