Antitrust : l'UE impose à Apple d'ouvrir iOS aux développeurs tiers
Bruxelles intensifie la mise en œuvre du Digital Markets Act, qui vise à imposer des règles strictes aux grandes entreprises technologiques. Apple, en ligne de mire, devra adapter ses politiques pour éviter des sanctions financières lourdes.
Sous la pression du Digital Markets Act (DMA), l'Union européenne oblige Apple à ouvrir son écosystème, notamment ses systèmes iOS et iPadOS, aux développeurs tiers. Le DMA, en vigueur depuis 2023, vise à limiter les pratiques anti-concurrentielles des géants technologiques comme Apple, Google et Meta, afin de garantir une concurrence plus équitable. En tant que gatekeeper, Apple est l'une des premières entreprises ciblées par ces nouvelles règles.
Le cadre imposé par l'UE
Le 19 septembre 2024, la Commission européenne a lancé des procédures pour clarifier les mesures qu'Apple doit mettre en œuvre. Cela concerne d'abord l'interopérabilité des appareils connectés, tels que les montres intelligentes et les casques de réalité virtuelle, qui devront pouvoir fonctionner avec des dispositifs tiers. Ensuite, la Commission demande qu'Apple assure un traitement transparent et rapide des demandes de développeurs souhaitant accéder à certaines fonctionnalités d'iOS.
Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, citée par Reuters, a affirmé : "Aujourd'hui, nous utilisons pour la première fois les procédures de spécification sous le DMA pour guider Apple vers une conformité effective à ses obligations d'interopérabilité."
Si Apple ne respecte pas ces directives d'ici six mois, elle risque des sanctions pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires mondial, soit potentiellement 38 milliards de dollars. Cette amende constituerait un des plus grands défis financiers pour Apple dans son marché européen, représentant une pression considérable pour que l'entreprise se conforme.
La position d'Apple
Apple, bien qu'ouverte à la discussion avec l'UE, s'inquiète des répercussions de ces nouvelles règles sur la sécurité des utilisateurs. "Saper les protections que nous avons mises en place au fil du temps mettrait les consommateurs européens en danger, en donnant aux acteurs malveillants davantage de moyens d'accéder à leurs appareils et à leurs données", a averti la firme dans un communiqué relayé par le New York Post.
L'entreprise a toutefois déjà pris des mesures pour répondre aux exigences européennes. Par exemple, elle a mis en place de nouveaux mécanismes permettant aux applications tierces d'interagir plus facilement avec iOS. Cependant, certains services, tels que le partage d'écran via SharePlay ou certaines fonctions d'intelligence artificielle, ne seront pas disponibles en Europe pour éviter d'entrer en conflit avec le DMA.
Les répercussions économiques et concurrentielles
Au-delà des sanctions potentielles, ces nouvelles obligations pourraient remodeler le modèle économique d'Apple en Europe. La firme est historiquement connue pour son contrôle rigide sur ses systèmes d'exploitation et l'App Store, ce qui a permis de maintenir des standards élevés de qualité et de sécurité, tout en générant des revenus significatifs via les commissions imposées aux développeurs.
Les précédents montrent que l'Union européenne n'hésite pas à infliger des amendes aux géants de la tech. En 2023, Apple avait déjà été condamnée à payer 2 milliards de dollars pour avoir limité la concurrence sur l'App Store. En parallèle, d'autres entreprises comme Meta ont également fait face à des sanctions similaires.
En ciblant Apple avec le DMA, l'UE envoie un signal fort à l'ensemble des géants technologiques : il est temps d'ouvrir la voie à une interopérabilité accrue et à une concurrence plus juste, garantissant ainsi que les développeurs et consommateurs puissent bénéficier d'un marché numérique ouvert et équilibré.