L'épargne brute des collectivités territoriales continue de se dégrader

L'épargne brute des collectivités territoriales continue de se dégrader L'épargne brute des collectivités territoriales pourrait se dégrader à nouveau, à hauteur de 8,7%, selon La Banque Postale. Leur besoin de financement pourrait atteindre 13 milliards d'euros, un niveau inédit.

Indicateur important de leur bonne santé, l'épargne brute des collectivités territoriales pourrait se dégrader à hauteur de 8,7%. Correspondant au solde entre les recettes et les dépenses de fonctionnement, cette épargne constitue une capacité d'autofinancement non-négligeable pour les collectivités territoriales. En 2023, celle-ci avait déjà perdu 6,4%. Mais, selon La Banque Postale, cette épargne, attendue à 39,5 milliards d'euros, se retrouverait "au même niveau qu'en 2018, soit à la même période du cycle électoral (deux ans avant la fin du mandat municipal)", détaille-t-elle dans sa note. 

Une dégradation généralisée

Contrairement à 2023, où la baisse concernait essentiellement les départements et les régions, celle-ci s'annonce généralisée : "l'autofinancement devrait diminuer dans toutes les catégories", précise La Banque Postale, même si l'on remarque des disparités. Les départements devraient connaître une baisse de 31,8% tandis que pour les régions, celle-ci devrait être de 5,1%. Les communes, elles, devraient connaître une baisse de 7,5% contre 3,5% dans les intercommunalités. La faute aux dépenses de fonctionnement (+4,4%), qui augmenteraient plus que les recettes de fonctionnement (+2,3%). Les recettes fiscales, elles, n'augmenteraient que de 1,8% cette année. 

Absence de TVA 

Luc Alain Vervisch, directeur des études et de la recherche de La Banque Postale, explique que la TVA "ne sera pas au rendez-vous", alors qu'elle est devenue primordiale pour les collectivités. "Jusqu'à la fin août, les chiffres communiqués par l'État ne sont pas bons", explique-t-il, avec une "croissance relativement faible du produit de TVA, de moins de 2%". De plus, les "droits de notaire" sur les transactions immobilières, qui reviennent aux départements ainsi qu'aux communes, ne cessent de baisser : en 2023, ils ont chuté de 22,3% et pourraient baisser à nouveau de 17%. 

Si les dépenses de fonctionnement des collectivités sont à la hausse, cela s'explique également par deux années à se serrer la ceinture : "Beaucoup de collectivités locales rattrapent en 2024 un certain nombre de dépenses qu'elles n'avaient pas pu réaliser en 2023 et 2022 pour des logiques de contraintes budgétaires", explique Luc Alain Vervisch. 

Des taux d'emprunt en hausse

Les collectivités locales se tournent de plus en plus vers des banques avec des emprunts en hausse de 17,9%. L'encours de dette pourrait donc progresser de 2,8% (210,7 milliards d'euros), bien que "la dette locale reste aujourd'hui maîtrisée dans l'ensemble". Les collectivités locales doivent également piocher dans leur trésorerie, à hauteur de 8 milliards d'euros, ce qui amènerait le besoin de financement des localités à 13 milliards d'euros, "un niveau inédit". Mais pour Luc Alain Vervisch, ce redressement doit passer par la réalité du terrain : "Le redressement des finances publiques est une nécessité. Mais il faut qu'il soit corrélé à la réalité des territoires, inscrit dans une perspective pluriannuelle, cohérent avec la transition écologique et fondé sur la solidarité financière".