Arrêts maladie : l'Etat prépare une baisse des indemnités pour combler le déficit
Face à l'augmentation continue des dépenses de la Sécurité sociale, le gouvernement envisage de revoir à la baisse l'indemnisation des arrêts maladie. Cette mesure s'inscrit dans un plan plus large visant à réduire le déficit, en transférant une partie des coûts aux employeurs et aux assureurs.
Une révision du plafond pour alléger les finances publiques
Actuellement, les personnes en arrêt maladie perçoivent 50% de leur salaire journalier à partir du quatrième jour d'arrêt, avec un plafond fixé à 1,8 fois le SMIC (soit environ 3 180 euros par mois).
Le gouvernement souhaite abaisser ce plafond à 1,4 SMIC, réduisant ainsi le montant maximal versé par l'Assurance Maladie. Cette révision permettrait d'économiser environ 600 millions d'euros par an, selon des estimations relayées par Les Echos.
Bien que cette mesure n'élimine pas totalement le déficit de la Sécurité sociale, elle allégerait les finances publiques. Cependant, la charge financière serait transférée aux employeurs et assureurs, notamment via les contrats de prévoyance qui complètent souvent les indemnités de la Sécurité sociale pour les salariés les mieux rémunérés.
Impact sur les employeurs et salariés
L'abaissement du plafond d'indemnisation pourrait avoir des conséquences significatives pour les entreprises, qui devront compenser la réduction des indemnités journalières versées par la Sécurité sociale.
Selon l'Assurance Maladie, les arrêts de travail ont coûté 14 milliards d'euros en 2022, une hausse de 5% par rapport à l'année précédente. Ce surcoût pourrait être supporté par les entreprises à travers l'augmentation des primes d'assurance et des contrats de prévoyance.
Les salariés à faibles revenus ou ne bénéficiant pas de contrats d'assurance complémentaire seraient moins directement touchés par cette mesure. En revanche, ceux dont les employeurs ne couvrent pas la totalité de la perte de revenus pourraient voir leur pouvoir d'achat impacté. Les entreprises de petite taille, souvent moins bien armées pour assumer ces coûts, pourraient également être plus affectées.
Allongement du délai de carence, une piste étudiée
En parallèle de la baisse des indemnités, le gouvernement explore l'allongement du délai de carence, actuellement de trois jours, à sept jours. Cette période durant laquelle aucune indemnité n'est versée permettrait de réaliser environ 950 millions d'euros d'économies supplémentaires.
Toutefois, cette proposition est plus controversée. L'allongement du délai de carence pourrait pénaliser davantage les salariés les plus vulnérables, notamment ceux sans complément de salaire durant cette période.
Des réactions mitigées
Les propositions de réforme suscitent des réactions contrastées. Du côté des syndicats, l'inquiétude se porte principalement sur les répercussions pour les salariés les plus précaires, tandis que les organisations patronales insistent sur la nécessité de mieux encadrer les arrêts maladie de courte durée. Le Medef soutient notamment un contrôle renforcé des arrêts courts, qui représentent près de 60% des arrêts déclarés chaque année, pour éviter les abus.
Bien que les réformes envisagées puissent contribuer à réduire le déficit de la Sécurité sociale, elles risquent de déplacer les charges vers les entreprises et de creuser les inégalités entre travailleurs, tout en soulevant des questions sur l'organisation du travail et la santé des salariés.