L'administration américaine à l'épreuve des méthodes managériales d'Elon Musk
Donald Trump lui avait promis une place dans son gouvernement et a honoré son engagement ce mercredi : dans un communiqué, le président élu américain a confié à Elon Musk la responsabilité d'un ministère de "l'efficacité gouvernementale", en binôme avec l'homme d'affaires Vivek Ramaswamy. Leur objectif : "démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les régulations excessives, couper dans les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales".
Le patron de Tesla et de SpaceX fait donc officiellement son entrée dans l'arène politique. Pour autant, sa méthode pourrait bien rester la même que pour le management de ses entreprises, craignent plusieurs observateurs. "Il y a chez lui cette croyance que les règles de l'entrepreneuriat sont celles à appliquer à la puissance publique", pointe Olivier Lascar, journaliste spécialiste d'Elon Musk, auprès du Figaro, prédisant par conséquent un choc "entre deux mondes qui ne se comprennent pas".
"Dictatorial"
Sans compter que les méthodes managériales d'Elon Musk sont réputées pour leur rigidité : "C'est quelqu'un de très dur, dictatorial même", qui "considère les employés comme des pions", confirme l'historien Luc Mary, auteur de l'ouvrage "Elon Musk. De Tesla à X, les défis de l'homme qui invente notre futur". En témoigne son arrivée en 2023 à la tête de Twitter, renommé X, et les milliers de licenciements qui ont suivi.
Elon Musk va surtout se retrouver en mesure de s'en prendre à ses grands ennemis : la puissance publique, les règles et les normes qui entravent ses affaires. L'homme d'affaire n'a d'ailleurs pas attendu de faire de la politique pour faire fi des réglementations, préférant par exemple ignorer les exigences de l'Union européenne en matière de modération, ou encore de droits voisins, sur le réseau X.
Il sera également en position de favoriser les intérêts économiques de son propre empire, au détriment de ses concurrents : dans le domaine de la conquête spatiale, par exemple, Boeing "va passer de mauvaises années", prédit Luc Mary.
La bureaucratie à l'épreuve du "test and learn"
Le milliardaire appliquera-t-il aussi à son projet de démantèlement de la bureaucratie la méthode du "test and learn", populaire dans la Silicon Valley, comme il le fait avec les fusées de SpaceX, quitte à encaisser quelques échecs coûteux en cours de route ? Reste à voir la marge de manœuvre que lui laissera Donald Trump, ainsi qu'à son binôme Vivek Ramaswamy, pour atteindre l'objectif qu'ils se sont fixés pendant la campagne : trouver 2000 milliards de dollars de coupe dans le budget du gouvernement fédéral.