Dette française : la France attend de savoir si sa note se dégrade
Alors que la France est dans l'incertitude concernant son budget 2025, l'agence de notation Standard & Poor's rend ce vendredi soir son appréciation sur la soutenabilité de la dette française. Une dégradation de la notation serait un mauvais signal supplémentaire.
Si la France conserve pour l'instant ses deux "A", la notation de la dette française oscille entre "AA" et "AA-" selon les agences de notation. Autour de 22 heures ce soir, après clôture de la Bourse américaine, Standard & Poor's conclura les notations automnales, et l'on découvrira si la France, qui avait perdu son "triple A" en 2012 en pleine crise de la zone euro, conserve ou non son "double A". Le 31 mai dernier, l'agence avait fait baisser la France de "AA" à "AA-" , quelques jours avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui avait achevé de générer une instabilité des marchés. Les notes des autres agences de notations varient d'une perspective "stable" à "négative", invoquant "les risques liés à la politique budgétaire", "une hausse régulière de la dette publique" et doutant de la capacité du gouvernement à "mettre en œuvre des mesures qui empêcheraient des déficits budgétaires plus importants que prévus" (Moody's).
Un pic de la dette prévu pour 2027
Alors qu'en 2017, la dette était de 97% du PIB, celle-ci est passée à 109,9% en 2023, soit 3101, 4 milliards d'euros, faisant de la France "la troisième plus grosse dette de la zone euro juste après la Grèce et l'Italie", explique Lisa Thomas-Darbois, directrice des études France à l'Institut Montaigne. La dette de la France devrait atteindre 112,9% en 2024 pour atteindre son pic à 116,5% en 2027 avant de décroître. "En cas de perte de confiance des marchés, chaque hausse d'intérêt d'un point entraîne un supplément de remboursement de dette de 30 milliards à horizon de dix ans", s'alarme Lisa Thomas-Darbois.
Standard & Poor's devrait donc suivre la tendance des autres agences de notation et envisager la perspective négative. "L'envolée de la dette publique à laquelle nous assistons est incompatible avec les exigences du pacte européen de stabilité", observe Éric Dor, directeur des études économiques de l'IESEG School of Management de Paris et de Lille, au Figaro.
Le taux d'emprunt dépasse celui de la Grèce
Si une rétrogradation ne semble pas envisagée pour l'instant, le taux d'emprunt de la France a brièvement dépassé celui de la Grèce ce mercredi, les investisseurs estimant donc aujourd'hui qu'il est aussi risqué de prêter à la France qu'à la Grèce. Interrogé par Le Figaro, le Premier ministre Michel Barnier reste cependant confiant quant à l'avenir de la France : "Les agences doivent savoir que le gouvernement de la France est sérieux et méthodique, et que nous ferons ce que nous avons dit".
L'Agence France Trésor, chargée de gérer la dette, a publié ce mardi une enquête en anticipation de la notation de S&P : "la satisfaction des investisseurs quant au fonctionnement du marché de la dette est très élevée". Cependant, une dégradation de la note de S&P pourrait servir de justification au gouvernement pour le vote du projet de loi de finances. Mais celle-ci n'arrangerait pas Bruno Le Maire, Thomas Cazenave, Élisabeth Borne et Gabriel Attal, qui doivent passer devant la commission d'enquête de l'Assemblée en décembre concernant la dérive des comptes publics.