Que faut-il retenir de l'allocution post-censure d'Emmanuel Macron ?
Alors qu'il n'avait pas pris la parole depuis quatre mois, l'attention s'est reportée sur Emmanuel Macron au lendemain de la censure historique de Michel Barnier. Avant de choisir un successeur pour Matignon, Macron a tenu à "remercier Michel Barnier pour son travail, son dévouement et sa pugnacité". Le président a reconnu que la dissolution d'il y a six mois était sa "responsabilité" mais que celle-ci "n'a pas été comprise". Il a appelé à "une nouvelle organisation politique", sans préciser laquelle.
Un front antirépublicain
Macron a dénoncé "l'union de l'extrême droite et de l'extrême gauche dans un front antirépublicain", alors que le RN et le NFP ont mêlé leurs voix pour voter la motion de censure. "Je sais bien que certains sont tentés de me rendre responsable de cette situation. C'est beaucoup plus confortable", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il "n'assumera jamais l'irresponsabilité des autres [parlementaires]". Il a chargé les oppositions de ne penser "qu'à une seule chose : à la présidentielle, pour la préparer, pour la provoquer, pour la précipiter". Mais si certains réclament sa démission, 6 Français sur 10 étant pour selon un sondage du Figaro, la question n'est pas là pour le président. "Ma responsabilité exige de veiller à la continuité de l'État, au bon fonctionnement de nos institutions, à l'indépendance de notre pays et à votre protection à tous", a-t-il assuré.
Un gouvernement d'intérêt général
Trois mois seulement après la nomination de Michel Barnier, Emmanuel Macron doit désormais désigner un nouveau premier ministre et composer une nouvelle équipe gouvernementale. Il a assuré "nommer dans les prochains jours un premier ministre […] chargé de former un gouvernement d'intérêt général représentant toutes les forces politiques d'un arc de gouvernement qui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s'engage à ne pas le censurer". De ce fait, il exclue ainsi le NFP, le PS étant le seul présent dans les négociations, ainsi que le RN.
Sur la question du budget 2025, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ayant été rejeté, son avenir reste incertain. Le président a annoncé qu'une "loi spéciale sera déposée avant la mi-décembre au Parlement". Une "loi temporaire [qui] permettra, comme c'est prévu par notre Constitution, la continuité des services publics et de la vie du pays", dont l'objectif sera d'"appliquer pour 2025 les choix [budgétaires] de 2024". "Nous avons devant nous 30 mois, jusqu'au terme du mandat que vous m'avez confié, pour que le gouvernement puisse agir", a-t-il déclaré, assurant que " le seul calendrier qui m'importe n'est pas celui des ambitions, c'est celui de notre nation ".