Moody's dégrade la note de la France pour l'arrivée de Bayrou à Matignon

Moody's dégrade la note de la France pour l'arrivée de Bayrou à Matignon L'agence de notation a dégradé d'un cran la note souveraine de la France, pointant une "fragmentation politique plus susceptible d'empêcher une consolidation budgétaire significative".

L'annonce a été faite dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 décembre, quelques heures après la nomination de François Bayrou à Matignon. Dans un communiqué, l'agence de notation Moody's, l'une des trois qui font référence dans le domaine, a indiqué qu'elle dégradait d'un cran la note souveraine de la France. Cette note, qui vise à refléter la capacité de l'Etat à rembourser ses dettes, est ainsi passée de Aa2 à Aa3. En revanche, l'agence a crédité le pays d'une perspective "stable", alors qu'elle l'avait jugée "négative" en octobre dernier.

"Nous prévoyons que les finances publiques de la France seront considérablement plus faibles au cours des trois prochaines années par rapport à notre scénario de base du mois d'octobre", s'est justifié Moody's, pointant une "fragmentation politique plus susceptible d'empêcher une consolidation budgétaire significative". L'agence table désormais sur un déficit public de 6,3% du PIB en 2025, puis  encore de 5,2% en 2027, tandis que la dette publique, sur la même période, passerait de 113,3% du PIB à 120%.

La France conserve des "atouts considérables"

"Il est désormais très peu probable que le prochain gouvernement réduise durablement l'ampleur des déficits budgétaires au-delà de l'année prochaine", a allégué Moody's. Si l'agence juge toutefois la perspective stable, c'est en raison des "atouts considérables" de la France "en matière de crédit, notamment une économie importante, riche et diversifiée". 

Si l'annonce est tombée comme une surprise, Moody's avait tout de même mis en garde la France, le 4 décembre, pointant qu'une censure du gouvernement Barnier aurait un impact "négatif" sur la note souveraine du pays. C'est désormais chose fait, et ce, sans laisser à François Bayrou le temps de dévoiler ses cartes en matière budgétaire. Le nouveau Premier ministre s'est de toute façon résolu à ce qu'aucun budget ne soit voté avant la fin de l'année : une loi spéciale permettra d'assurer la continuité minimale des services publics.

Une "volonté réaffirmée de réduire le déficit"

"Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation",  a déclaré le nouveau locataire de Matignon, lors de la cérémonie de passation de pouvoir avec Michel Barnier. Répondant à son prédécesseur qui l'exhortait à ne pas "oublier le déficit et la dette", François Bayrou a affirmé avoir "pris des risques inconsidérés dans [sa] vie politique" sur ces sujets, en faisant plusieurs fois "campagne sur la dette".

De son côté, le ministre démissionnaire de l'Economie et des Finances, Antoine Armand, a déclaré sur X qu'il prenait "acte" de la dégradation de la note de la France, avant d'affirmer que "la nomination du Premier ministre François Bayrou et la volonté réaffirmée de réduire le déficit y apport[ai]ent une réponse explicite."