La Banque centrale européenne baisse son taux directeur de 0,25 point
La Banque centrale européenne a annoncé ce jeudi une nouvelle baisse de ses taux d'intérêt, soutenant la croissance en zone euro, bien que les incertitudes concernant la politique de Donald Trump compliquent la tâche. Le taux de dépôt, utilisé comme référence, a reculé de 0,25 point, pour arriver à 2,75%, comme attendu par les économistes. C'est la cinquième baisse du loyer de l'argent depuis juin, et la quatrième d'affilée.
Divergences entre la BCE et la Fed
Les taux d'intérêts élevés, décidés en 2023 pour contrer l'inflation élevée due à la flambée des prix de l'énergie ainsi qu'à la reprise post-Covid, font désormais partie du passé. "Le processus de désinflation est en bonne voie" en zone euro, indique la BCE dans un communiqué, signifiant qu'elle s'attend toujours à un retour de l'inflation à son objectif de 2% dans le courant de l'année. Au dernier trimestre 2024, la remontée des prix en zone euro avait atteint 2,4%. L'inquiétude des gardiens de la zone euro se concentre désormais sur un soutien à une zone euro économiquement fragile.
Cependant, des données publiées ce jeudi par Eurostat montrent que la croissance a calé en fin d'année dernière à cause de mauvaises performances en Allemagne et en France, les deux premières économies du bloc, pénalisées par l'instabilité politique ainsi que des défis structurels. "Des facteurs défavorables continuent de peser sur l'économie, mais la hausse des revenus réels et l'atténuation progressive des effets de la politique monétaire restrictive devraient soutenir un rebond graduel de la demande", détaille le communiqué. La Fed, la banque centrale américaine, a, elle, opté mercredi pour le statu quo sur ses taux, dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50%, face à une inflation élevée ainsi qu'un marché du travail jugé solide. Elle a notamment tenu tête au président Donald Trump, qui avait "exigé" la semaine dernière que "les taux d'intérêt baissent immédiatement". Lors d'une conférence de presse, à 13h45 GMT, Christine Lagarde, présidente de la BCE, devrait laisser la porte ouverte à d'autres baisses à venir. Mais les économistes de la Deutsche Bank craignent pour la confiance dans la stabilisation de l'inflation face à la "politique imprévisible" de Donald Trump. Ses menaces de guerre commerciale pourraient peser sur les exportations européennes, donc sur une croissance faible, et servir d'argument pour baisser encore les taux de la BCDE.
Vers un taux neutre
Le prix du baril de brut, également surveillé de près, a grimpé depuis décembre, les analystes jugeant peu probable que l'Arabie saoudite et l'Opep cèdent aux pressions de Donald Trump qui souhaite voir leurs prix baisser et leur production augmenter. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, juge cependant "plausible" le scénario d'un taux de dépôt ramené "autour de 2% d'ici l'été", a-t-il déclaré à Davos. Ce taux correspondrait au taux "neutre", qui n'aide ni ne pénalise la croissance économique, et maintient l'inflation autour de 2%.