Le projet de référendum de Macron, une idée farfelue ?

Le projet de référendum de Macron, une idée farfelue ? Avec son projet de référendum, Emmanuel Macron suscite le scepticisme jusque dans ses rangs, peu enclin à cette idée.

Dans ses vœux du Nouvel An, Emmanuel Macron a émis l'idée de demander aux Français de "trancher" sur certains "sujets déterminants" au cours de l'année 2025. Le président songe à un référendum voire plusieurs organisés le même jour, sur plusieurs thématiques comme l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans, la rémunération du travail ou la fin de vie. Le chef de l'État attendrait la fin des débats budgétaires pour poser ces questions, 2025 étant une "année sans élection" et rentrerait donc parfaitement dans le calendrier du président. Mais Macron a, depuis 2017, plusieurs fois annoncé des référendums sans jamais passer à l'acte, rendant l'idée qu'ils le fassent réellement assez peu probable.  

Ne pas traîner 

"On en parle depuis 2017 !", a ainsi déclaré Gérard Larcher, président Les Républicains du Sénat. "Il faut trouver un thème qui intéresse les Français", a-t-il précisé. "Ça risque de se retourner contre lui", admet François Patriat, président des sénateurs macronistes. Hervé Marseille, patron du groupe centriste au Sénat avertit sur le calendrier : "Il faudrait le faire avant l'été, parce qu'on va ensuite retomber dans une période budgétaire au Parlement". Mais si aucune discussion n'a été lancée, chaque parti a son idée sur la question. Pour Gabriel Attal, il faudrait consulter les Français sur "le fardeau fiscal qui pèse sur le travail". Marine Le Pen souhaite évidemment poser la question de la fin du droit du sol quand Marine Tondelier s'interroge sur la fin de la Vè République. Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, en pleine bataille pour la présidence LR, voudraient un référendum sur l'immigration et plus précisément sur "l'accès des étrangers aux aides sociales". Patrick Mignola, ministre des relations avec le Parlement et proche de François Bayrou a lui soumis l'idée d'un référendum sur le financement des retraites. 

Conjurer la crise démocratique

Mais l'article 11 de la Constitution, qui permet au chef de l'État de soumettre un projet de loi au corps électoral, irait à l'encontre de certaines de ces questions. Le texte ne peut porter que sur "l'organisation des pouvoirs publics", "des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent" ou encore la ratification d'un traité. Ainsi, il serait impossible de consulter les français sur l'immigration ou encore la fin de vie. Le président peut soumettre une révision de la Constitution, mais il faudrait d'abord que l'Assemblée nationale et le Sénat soient d'accord sur un texte, comme le précise l'article 89. Une chose rendue impossible au vu de la fragmentation politique. 

L'entourage d'Emmanuel Macron voit ce projet de référendum comme un moyen de conjurer la crise démocratique, avec "la tentative permanente de recoudre le lien entre les Français et leurs élites politiques". Une manière de dépersonnaliser le référendum, après le "non" des Français au traité constitutionnel européen soumis par Jacques Chirac le 29 mai 2005.