Face aux tarifs douaniers de Donald Trump, Bercy assouplit ses objectifs de déficit
Le ministre de l'Économie a prévenu que la trajectoire de réduction du déficit public pourrait ne pas être respectée si les tensions commerciales avec les États-Unis persistent.
Un déficit sous pression dans un contexte d'incertitude
L'annonce par Donald Trump de droits de douane généralisés sur les importations touche 185 pays et territoires. Ces mesures pourraient déclencher une guerre commerciale de grande ampleur, avec des répercussions directes sur les économies européennes, dont celle de la France.
Le déficit public français s'élevait déjà à 5,8% du PIB en 2024, soit environ 170 milliards d'euros. Pour 2025, l'objectif fixé par le gouvernement reste de le ramener à 5,4%, avant une baisse progressive sous les 3% d'ici 2029. Mais la conjoncture actuelle remet cette trajectoire en question. La Banque de France a récemment révisé à la baisse sa prévision de croissance, de 0,9% à 0,7% pour l'année en cours.
Sur RMC et BFMTV, Eric Lombard a indiqué que cette cible pourrait ne pas être tenue en cas de ralentissement provoqué par les mesures américaines. "Dans ce cas-là, le PIB et les recettes baisseraient par rapport à ce qui est prévu, ce qui dégraderait le taux de déficit", a-t-il expliqué. Et d'ajouter : "Je pense que, pour protéger les Françaises et les Français, il faudrait l'accepter", cité par Les Échos.
Le ministère a toutefois confirmé que l'objectif de 5,4% était pour l'instant maintenu. Une conférence sur les finances publiques est prévue le 15 avril autour du Premier ministre François Bayrou, pour évaluer les aléas en cours d'année. Selon Boursorama, cette réunion pourrait déboucher sur des mesures de "maîtrise" si des risques sont identifiés.
Aucune nouvelle coupe budgétaire ni hausse d'impôts envisagées
Dans ses déclarations, Eric Lombard a écarté toute hausse de fiscalité ou nouvelle réduction des dépenses publiques. "Nous ne souhaitons pas augmenter les impôts", a-t-il affirmé, ajoutant qu'un nouvel ajustement budgétaire pèserait négativement sur l'économie. "Je ne souhaite pas, même si la situation se dégrade, que l'on donne un coup de rabot supplémentaire à la dépense publique", a-t-il insisté.
Le gouvernement estime que l'effort demandé pour 2025 – estimé à 50 milliards d'euros d'économies – est déjà significatif par rapport à l'année précédente. Une réduction plus brutale du déficit pourrait avoir un effet contre-productif en amplifiant le ralentissement.
Un appel à la retenue des entreprises françaises
Dans un autre registre, l'exécutif appelle les entreprises françaises à suspendre leurs investissements aux États-Unis durant la phase de négociation commerciale. Emmanuel Macron a déjà adressé ce message le 3 avril, et le ministre de l'Économie l'a réitéré publiquement.
"Il est clair que, si une grande entreprise française s'engageait à ouvrir une usine aux États-Unis, ce serait donner un point aux Américains", a déclaré Eric Lombard. Il appelle les dirigeants à "faire nation" dans cette période de tension.