Budget 2026 : cacophonie fiscale et bras de fer parlementaire en plein arbitrage
L'élaboration du budget 2026 s'enlise dans une série de désaccords politiques et de messages contradictoires, à quelques semaines des arbitrages gouvernementaux attendus en juillet. Entre impératif de réduction du déficit et refus quasi unanime de nouvelles hausses d'impôts, les tensions s'accumulent à l'Assemblée nationale.
Objectif budgétaire et blocages politiques
Pour ramener le déficit public à 4,6% du PIB en 2026, contre 5,4% cette année, le gouvernement doit identifier 40 milliards d'euros d'économies. Mais les principales forces politiques restent divisées sur les moyens d'y parvenir.
À droite, Laurent Wauquiez a posé une ligne claire : "Zéro euro de hausse d'impôts", a-t-il insisté lors d'une conférence de presse rapportée par Les Echos. Il conditionne le soutien de son groupe à l'absence totale de nouvelles taxes. Les Républicains défendent un plan d'économies de 40 milliards incluant la suppression d'un tiers des agences d'État, une réforme de l'assurance-chômage et une aide sociale unique plafonnée à 70% du SMIC.
La gauche, elle, rejette les coupes budgétaires massives. Éric Coquerel, président LFI de la commission des finances, réclame un projet de loi de finances rectificatif et dénonce "l'entourloupe" des gels de crédits. Le PS, de son côté, n'a pas exclu une abstention en échange de mesures redistributives.
Une majorité divisée et des annonces désavouées
Au sein même de la majorité, les positions divergent. La suppression de l'abattement fiscal de 10% pour les retraités ou le retour d'une contribution locale ont été évoquées, puis rapidement écartées. La suggestion de François Rebsamen d'une "contribution modeste" pour financer les services communaux, formulée dans Ouest-France, a été désavouée dès le lendemain.
Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a déclaré que "rien n'est arbitré", soulignant que "beaucoup d'initiatives sont sur la table", sans qu'aucune ne reflète la position finale de l'exécutif. Face à cette cacophonie, François Bayrou a rappelé à l'ordre ses ministres, insistant sur la nécessité de négocier "dans le bon timing, avec les bons acteurs".
Cette instabilité inquiète les parlementaires du bloc central. Jean-René Cazeneuve a affirmé : "Rien ne justifie la création d'un nouvel impôt", en réaction à la possible restauration de la taxe d'habitation. Pour Mathieu Lefèvre, également membre du groupe Ensemble pour la République, ces revirements créent "un climat fiscal anxiogène".
Dans une Assemblée morcelée, sans majorité claire et à la veille d'importants arbitrages, le gouvernement avance à tâtons, confronté à une équation budgétaire sans solution évidente.