Le gouvernement Bayrou vacille, la gauche exhume l'arme de la censure

Le gouvernement Bayrou vacille, la gauche exhume l'arme de la censure Alors que les discussions entre partenaires sociaux ont échoué, plusieurs formations envisagent désormais de soumettre l'exécutif à un vote critique dans l'hémicycle. Une échéance se profile dès le début juillet.

Après l'échec des négociations sur les retraites, plusieurs groupes de gauche ont annoncé leur intention de déposer une ou plusieurs motions de censure contre le gouvernement. L'exécutif se retrouve de nouveau dépendant de la position du Rassemblement national.

Une unité de circonstance entre les partis de gauche

La décision du Parti socialiste est tombée mardi 24 juin, après une réunion de groupe organisée au lendemain de l'échec du "conclave" sur les retraites. Cette tentative de concertation avec les partenaires sociaux, initiée par François Bayrou début 2025, avait permis au gouvernement d'obtenir un répit temporaire face aux critiques parlementaires. L'échec de cette initiative a relancé les tensions au sein de l'Assemblée.

Boris Vallaud, président du groupe socialiste, a déclaré dans l'hémicycle : "Monsieur le Premier ministre, le respect de la parole donnée est la base même de notre régime démocratique. Cela nous contraint à déposer une motion de censure contre votre gouvernement", selon les propos rapportés par Les Échos.

Dès la fin des discussions, les députés de La France insoumise ont appelé à un texte commun du Nouveau Front populaire. Faute de pouvoir déposer eux-mêmes une nouvelle motion, en raison de leur quota atteint cette session, ils ont sollicité le soutien des autres groupes. D'après Le Monde, Mathilde Panot a écrit aux présidents des groupes écologiste et communiste pour envisager une co-signature. Les trois groupes ont convenu d'une coordination aujourd'hui.

Plusieurs motions sont donc en préparation, bien que l'objectif affiché reste celui d'un texte unique. Le député LFI Éric Coquerel a confirmé cette volonté d'unité : "Le groupe GDR, le groupe écolo et nous sommes d'accord pour déposer une unique motion".

Les socialistes, qui avaient négocié le lancement du conclave en début d'année en échange d'une suspension de leur opposition frontale, estiment avoir été trompés. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a affirmé que François Bayrou avait "lui-même vicié dès le départ ce conclave", notamment en écartant d'emblée l'idée d'un retour à 62 ans et en donnant "un droit de veto au Medef".

Le Rassemblement national laisse planer l'incertitude

Comme lors de la chute du gouvernement Barnier en 2024, la position du Rassemblement national pourrait faire basculer le vote. Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme, a expliqué sur CNews, cité par Le Figaro : "Censurer le gouvernement de M. Bayrou ne fera pas baisser l'âge de la retraite". Il a également précisé que "les retraites n'ont jamais été une ligne rouge", indiquant que le groupe RN ne soutiendrait pas la motion portée par la gauche.

Jordan Bardella a déclaré lors d'un déplacement à la Confédération des petites et moyennes entreprises que le maintien de l'âge légal à 64 ans ne suffisait pas à justifier une censure, tout en rappelant que son parti continuerait à combattre la réforme. Interrogé sur un éventuel soutien à une motion autonome, il a évoqué la possibilité d'en déposer une sur la politique énergétique, thème sur lequel son parti critique ouvertement le gouvernement.

Le vice-président du RN, Sébastien Chenu, a indiqué sur France Inter que "le rendez-vous de la censure, c'est à l'automne, au moment du budget". Cette temporalité est également celle évoquée par Marine Le Pen, qui n'écarte pas une censure en cas de mesures budgétaires jugées défavorables aux ménages ou aux filières stratégiques.

Les différentes motions de censure devraient être examinées le 1er ou le 2 juillet. D'ici là, l'exécutif dispose d'une semaine pour tenter de dissuader les députés RN de joindre leurs voix à celles de la gauche.