Donald Trump impose un budget record et explosif au Sénat américain
Le Sénat américain a adopté mardi 1er juillet un vaste projet de loi budgétaire porté par Donald Trump. Combinant reconduction de crédits d'impôt, hausse des dépenses militaires et coupes sociales, ce texte a été validé au terme d'un vote très serré.
Un passage au Sénat obtenu dans la tension
Le projet de loi budgétaire Trump, surnommé par le président lui-même le "Big Beautiful Bill", a été voté à égalité parfaite, 50 voix contre 50. C'est le vice-président JD Vance qui a tranché en faveur du texte, comme le prévoit la Constitution. Ce vote intervient après une session marathon de plus de 26 heures, marquée par la lecture intégrale du texte et l'examen de dizaines d'amendements.
Malgré leurs 53 sièges, les républicains ont dû faire face à trois défections : Rand Paul, Susan Collins et Thom Tillis. Ce dernier, sénateur de Caroline du Nord, a indiqué ne pas vouloir se représenter, après que Donald Trump a promis de faire émerger un rival à sa candidature. Le chef de la majorité au Sénat, John Thune, a piloté les débats jusqu'à leur terme, au cours d'un week-end particulièrement tendu.
En amont du vote, Donald Trump a publiquement exprimé sa confiance : "Ça va rentrer, ça va passer, et nous allons être très contents", a-t-il affirmé à la presse, selon Le Figaro. L'objectif pour l'exécutif est de faire adopter la loi avant la fête nationale du 4 juillet. Le texte doit désormais être examiné en urgence à la Chambre des représentants, où la majorité républicaine reste fragile.
Un texte budgétaire à l'impact économique massif
Le projet prolonge les allègements fiscaux introduits en 2018, avec un coût estimé à 4 500 milliards de dollars sur dix ans selon le Bureau budgétaire du Congrès (CBO). Ces mesures incluent notamment des exonérations pour les pourboires, les pensions de retraite et les prêts automobiles.
Les dépenses fédérales augmentent aussi dans plusieurs domaines : +157 milliards pour la défense, +150 milliards pour la lutte contre l'immigration. Le texte relève par ailleurs le plafond de la dette publique à 5 000 milliards de dollars, afin de permettre au Trésor de poursuivre ses emprunts et éviter un défaut de paiement dès cet été.
Face à ces dépenses, des coupes importantes sont prévues dans les dépenses sociales. Le programme Medicaid, destiné aux plus modestes, est réduit. Selon le CBO, jusqu'à 12 millions d'Américains pourraient perdre leur couverture santé. Le programme Snap, principale aide alimentaire aux foyers défavorisés, est également revu à la baisse. En parallèle, plusieurs avantages fiscaux pour les énergies renouvelables sont supprimés.
D'après l'université Penn Wharton, le déficit fédéral pourrait augmenter de 3 100 à 3 500 milliards de dollars sur dix ans, et entraîner une réduction du PIB américain de 0,3 point à dix ans, puis de 4,6 points à l'horizon 2055.
Vives réactions au sein de la classe politique et économique
Le contenu du texte suscite des critiques, y compris au sein des rangs conservateurs. Selon le Yale Budget Lab, les 20% de ménages américains les plus modestes perdraient en moyenne 600 dollars par an après impôts et transferts, tandis que les foyers les plus aisés gagneraient 6 500 dollars.
Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, a dénoncé la portée sociale du texte : "Le vote d'aujourd'hui hantera les républicains du Sénat pour les années à venir. Les Américains verront les dégâts quand les hôpitaux fermeront, quand les gens seront licenciés, et quand la dette croîtra", a-t-il déclaré sur x, cité dans Les Échos.
Autre voix discordante, celle d'Elon Musk. L'homme d'affaires, ancien allié du président, s'est également exprimé sur le réseau X : "Nous vivons dans un pays au parti unique : le parti des cochons qui se goinfrent". Il a menacé de soutenir financièrement des candidats opposés au projet de loi dans les prochaines primaires républicaines.