Données financières : l'Europe provoque la colère des géants américains de la tech

Données financières : l'Europe provoque la colère des géants américains de la tech L'UE s'apprête à exclure certaines entreprises du futur cadre d'ouverture des données financières. Avec en ligne de mire : Google, Meta, Apple ou Amazon.

Les discussions sur la réglementation Fida entrent dans leur dernière ligne droite. Ce texte, qui encadre l'accès aux données financières des consommateurs européens, pourrait aboutir à une exclusion de plusieurs géants américains du numérique. Une mesure déjà critiquée à Washington.

Une défaite annoncée pour les grandes plateformes numériques

À Bruxelles, le règlement Fida (pour Financial Data Access), proposé en 2023, vise à aller plus loin que la directive DSP2. L'objectif est d'élargir le champ des données accessibles au-delà des seuls comptes bancaires, en intégrant les produits d'épargne, d'assurance ou d'investissement. Il s'agit de passer de "l'open banking" à "l'open finance".

Mais selon le Financial Times, les négociations, actuellement en phase de trilogue entre le Parlement, la Commission et le Conseil, penchent désormais en faveur des institutions financières traditionnelles. Des diplomates cités évoquent une "défaite quasi certaine" pour les grands groupes technologiques comme Meta, Apple, Google et Amazon.

Le journal rapporte que l'Allemagne pousse activement pour leur exclusion, estimant qu'elle est nécessaire pour garantir un développement autonome des services financiers numériques en Europe. L'idée serait de "protéger la souveraineté numérique des consommateurs" et d'éviter une mainmise des acteurs extra-européens sur les données sensibles des particuliers.

Tensions avec Washington en toile de fond

Dans un document transmis aux autres États membres, Berlin plaide pour des règles du jeu équitables au bénéfice des acteurs européens. Cette position, soutenue par plusieurs pays, pourrait aboutir à un accord dès l'automne.

Une telle décision risque cependant de raviver les tensions entre l'Union européenne et les États-Unis. Les Échos rappelle que cette mesure pourrait être perçue comme une atteinte directe aux intérêts des grandes entreprises américaines. L'accord douanier signé en juillet entre les deux blocs pourrait ainsi être fragilisé.

Le média évoque également les précédentes déclarations de Donald Trump, qui avait menacé à plusieurs reprises de représailles commerciales contre les pays mettant en place des régulations jugées hostiles aux firmes technologiques américaines. Une stratégie qu'il pourrait réactiver en cas de nouvelle escalade.

Pour les fintechs, qui espéraient profiter de l'ouverture des données à un plus grand nombre d'acteurs, cette exclusion poserait aussi question. Certaines avaient misé sur un modèle plus large d'interopérabilité pour développer leurs services.