La mutation du poste de travail
L’année 2007 est une année charnière pour les réflexions sur le poste de travail en entreprise. En effet, ce dernier est généralement basé sur un PC fixe ou portable équipé d’un processeur Intel et des suites logicielles phares de Microsoft : Windows et Office. Or ces deux logiciels subissent en 2007 une mutation majeure ...
L'année 2007 est une année charnière pour les réflexions sur le poste de travail en entreprise. En effet, ce dernier est généralement basé sur un PC fixe ou portable équipé d'un processeur Intel et des suites logicielles phares de Microsoft : Windows et Office. Or ces deux logiciels subissent en 2007 une mutation majeure :
La sortie de Vista impose une configuration matérielle beaucoup plus puissante, tout en apportant un nombre limité de nouvelles fonctionnalités.
Office 2007 peut exiger une formation des collaborateurs à sa nouvelle interface pour conserver leur productivité (la prise en main du « ribbon » n'étant pas triviale). De plus, la suite propose un nouveau format documentaire, Open XML, qui met fin à 10 ans de stabilité et d'interopérabilité des formats Office. Enfin, Open XML n'a pas encore été approuvé par l'ISO, contrairement à son challenger Open Document, ce qui met bon nombre d'entreprises devant un choix cornélien.
De fait, un certains nombres d'alternatives au trio Intel/Windows/Office émergent ou ré-émergent sur le marché.
Le poste de travail classique repose d'une part sur des applications de collaboration (bureautique et Groupware), d'autre part des applications métiers spécifiques : ces logiciels sont généralement basés sur des technologies client/serveur fonctionnant sous Windows.
Depuis la fin des années 90, un certain nombre d'entreprises ont commencé à migrer leurs applications métiers vers les interfaces Web, qui rendent la dépendance à Windows moins importante. La migration de la totalité des applications métiers était jusqu'à présent freinée par les limites des interfaces Web en terme d'ergonomie. Ces limites tendent à s'estomper grâce aux RIA (Rich Internet Application) le plus souvent bâties sur AJAX.
Pour les applications métiers qui nécessitent de fonctionner en mode déconnecté (dans un train ou un avion), il est nécessaire de conserver le principe d'un déploiement sur les postes de travail. Dans ce cadre, les technologies RDA (Rich Desktop Applications) permettent de faciliter le déploiement et surtout de rendre les applications indépendantes du système d'exploitation. Parmi ces technologies, on peut citer Java, Mozilla XUL, Adobe AIR (encore en beta).
Il apparaît donc que la dépendance à Windows est beaucoup moins forte aujourd'hui pour les applications métiers.
Pour les applications de collaboration, des alternatives commencent à émerger : IBM va proposer avec Lotus 8 un ensemble Groupware/bureautique en RDA ; Les logiciels Open Office et Mozilla Firefox/Thunderbird constituent une suite libre en RDA ; enfin, des offres entièrement en ligne comme celles de Google Docs ou Zoho commencent à se crédibiliser. Notons que ces alternatives supportent toutes le format ISO Open Document.
Le modèle Windows/Office commence donc à être remis en question.
Dans un souci de productivité, de nombreuses entreprises choisissent d'offrir à leurs collaborateurs des interfaces composites, permettant de présenter une grande somme d'informations métiers simultanément. Ces interfaces font appel à des solutions de portail et à des contenus sous la forme de « portlets » ou de « widgets ».
La normalisation des technologies de portail (WRSP, JSR168, UWA, etc.) rend ces interfaces composites de plus en plus facile à déployer. Ainsi, les vieilles interfaces des applications métiers tendent à devenir dépassées.
Ces interfaces composites ont donc pour effet d'accélérer la migration vers les interfaces Web et donc de réduire la dépendance à Windows. L'usage de machines sous Linux, Mac OS ou Windows Mobile devient ainsi de plus en plus envisageable.
On a vu que l'évolution des interfaces réduit l'adhérence au système : elle fait naturellement de même pour le matériel. Il devient donc possible d'envisager une alternative à un puissant PC souvent surdimensionné pour des besoins standards.
Pour les postes d'utilisateurs sédentaires, les solutions de clients légers offrent une opportunité intéressante ; il s'agit de terminaux passifs sans disque dur ; les traitements du poste de travail sont alors hébergés dans une ferme de serveur. Ce principe offre de nombreux avantages :
* Centralisation de la gestion du parc, donc simplification
* Centralisation des données, donc meilleure sécurité
* Limitation des périphériques incontrôlés : cf. introduction de virus ou fuites d'information via clefs USB
* Moindre consommation en énergie et moins de nuisances sonores
* Pérennité des postes de travail : de 5 à 7 ans
* Moindre coût total de possession des postes utilisateurs, si l'on intègre la gestion des déploiements, mises à jour, support, etc.
Les solutions de NEC, HP, Wyse ont atteint un bon niveau de maturité.
Pour les utilisateurs nomades utilisant principalement des applications RIA et RDA, on peut imaginer l'usage de terminaux simplifiés. On peut citer par exemple :
* Des machines simplifiées sous Windows Mobile, comme le Netbook de Psion ou le HTC Advantage
* Des machinés simplifiées sous Linux, comme le Palm Foleo ou l'OLPC (One Laptop per Child).
En conclusion
Dans un monde où l'agilité et la réduction des coûts orientent la plupart des décisions de DSI, le modèle du poste de travail lourd commence à être remis en cause. Certaines DSI commencent à mettre à leur catalogue une offre alternative, rendue possible par la standardisation des interfaces RIA et RDA, les standards de communication, et la normalisation des formats documentaires.
J'espère pour ma part que le poste de travail ne sera un jour qu'une interface banalisée, à faible coût et à durée de vie longue.