Google Cloud Next : Google s'offre le magicien d'Oz en vitrine
L'actualité n'est pas joyeuse, mais à Las Vegas, Google Cloud n'en a cure : le géant américain a investi la ville pour la semaine à l'occasion de son sommet Google Cloud Next et entend bien en profiter pour faire la démonstration des capacités de ses outils d'intelligence artificielle. Las Vegas oblige, la société de Mountain View a profité de l'occasion pour présenter un premier aperçu du travail de ses équipes pour transformer le Magicien d'Oz de 1939 en film compatible avec la Sphère, l'immense salle de projection circulaire installée au centre de Vegas depuis 2023.
La sphère au centre de l'attention
Profitant de l'occasion, Sundar Pichai "himself" est venu sur scène pour féliciter ses équipes et promettre un show encore jamais vu. Il faut dire que la tâche est d'ampleur : pour adapter le film de Victor Fleming à l'écran de la sphère, Google explique avoir mis les équipes de Google Deepmind à contribution afin d'augmenter la résolution des images, ajouter des détails et d'étirer les plans au delà du cadrage d'origine. Un travail digne du magicien d'Oz, Google ayant entraîné ses modèles d'IA afin de "compléter" le plus naturellement possible les éléments manquant du film d'origine et permettre d'ajouter à l'écran un acteur ou un personnage que le cadrage film d'origine ne montrerait pas.
Mais promis, juré : les équipes de Google Deepmind assurent vouloir respecter l'œuvre originale et faire de leur mieux pour ne pas dénaturer le film d'origine. Les quelques images montrées à l'occasion de ce premier aperçu impressionnent, mais la patte "intelligence artificielle" reste encore sensible, avec des contours et des images presque trop lisses pour être honnêtes. Ceci étant, les équipes de Google sont encore à l'œuvre afin d'améliorer le rendu final, la première du film est prévue pour le mois d'août.
Le choix du Magicien d'Oz, dont le personnage éponyme se révèle être un imposteur dissimulant sa réelle apparence derrière une machinerie complexe visant à impressionner ses interlocuteurs, pourra faire sourire les critiques. Mais c'est parfaitement au diapason de l'ambiance "Las Vegas", le lieu choisi par Google Cloud pour son vingt-cinquième sommet : une façade tape à l'œil et colorée, qui permet d'oublier pour un temps les incertitudes qui pèsent sur son business.
L'éléphant dans la pièce
Dans la lignée de ce coup de projecteur, la société a multiplié les démonstrations de nouveaux produits IA lors de sa keynote d'ouverture, à grand renfort d'effets visuels psychédéliques. En vrac, on peut citer Lyria, un modèle de génération de musique sur la base d'un prompt textuel, Veo 2 son nouveau modèle de génération d'images animés. Et bien sûr, son assistant Gemini s'offre également des améliorations et de nouvelles fonctionnalités. Autant de produits d'appel qui visent à faire la promotion des IA aux yeux du grand public et à entretenir l'idée que Google ne rate pas le tournant de l'IA, une évolution technologique " générationnelle " selon les dirigeants.
Difficile pourtant de faire abstraction de l'actualité, alors que la guerre des droits de douane entre les États-Unis et le reste du monde s'intensifie de jour en jour. En réponse aux récentes annonces du gouvernement américain, l'Union Européenne menace d'imposer des droits de douane de 20% sur les services numériques américains en réponse à l'offensive américaine.
Un sujet évidemment majeur pour un acteur comme Google Cloud, mais la ligne directrice est claire : aucun commentaire sur la question de la part des porte-paroles et dirigeants, que ce soit lors des conférences ou en interview.
Seul le patron de Google Cloud, Thomas Kurian, avancera finalement une ébauche de réponse face aux questions des journalistes : "C'est effectivement une situation très dynamique. Mais nous pouvons compter sur une équipe dirigeante expérimentée, nous avons connu de nombreuses situations similaires au cours des dernières années, en 2001, 2008 et 2020, et je suis sûr que les équipes dirigeantes du groupe sauront manœuvrer dans cette situation", assure le dirigeant, avant de rappeler les nombreux investissements de Google Cloud en Europe sur les datacenters, rappelant que la région représente aussi un important centre de R&D pour l'entreprise, ainsi que les efforts mis en place de cloud souverains "pour répondre aux exigences des régulateurs. " "Je n'en dirai pas plus, il faut voir maintenant comment évolue la situation", conclut le dirigeant. Il ne faudrait pas gâcher la fête. En attendant que la situation se clarifie, la stratégie de l'autruche est à l'honneur, et on se doute que claquer trois fois des talons dans des souliers magiques ne suffira pas à résoudre le problème.