Edouard Payenneville (Powell) "La digital workplace de Powell supporte à la fois les LLM d'OpenIA, de Mistral et d'Anthropic"
Le managing director de la plateforme de communication et de collaboration française revient sur sa stratégie et sa feuille de route pour les mois à venir.
JDN. En quoi Powell vient-il compléter Microsoft 365 ?

Edouard Payenneville. Compléter la suite de Microsoft a été le parti pris de Powell dès sa création en 2015. Nous avons de ce point de vue un positionnement très pragmatique qui n'a pas changé depuis le départ. Microsoft 365 représente environ 70% du marché, avec notamment Teams sur la collaboration ainsi qu'Outlook et Sharepoint sur la communication. Partant de là, on s'est dit qu'on aurait un positionnement plus fort en tant que spécialiste de la digital workplace en s'adossant à cette plateforme plutôt qu'en étant généraliste et multiplateforme.
D'un point de vue technologique, nous sommes également pragmatiques. Sur le plan de la digital workplace, Microsoft comme tous les Gafam ne fait que 70% à 80% du chemin. Il commercialise des solutions très standardisées. Dès qu'il essaie de développer des solutions plus spécifiques, il se plante. Et c'est normal. Ce n'est pas son métier. Il s'agit d'un acteur global qui adresse les grands comptes. Il a une telle taille qu'il ne peut pas se positionner sur des segments pointus comme nous le faisons avec comme cible principale le middle market. Nous comblons ce gap entre ce que propose Microsoft et ce que demande les clients, soit les 20% à 30% restant. On connaît bien mieux le métier de communicant que Microsoft qui ne s'adresse pas à ce type de direction.
Proposez-vous des fonctionnalité low-code / no code ?
De plus en plus. Le low-code / no code nous permet de démocratiser la digital workplace auprès des départements de la communication. Nos clients sont en quête de solutions d'intranet qui puissent être vite déployées, avec à la clé une rentabilité rapide. C'est en particulier le cas depuis la crise de ces derniers mois. Pour ce faire, nous allons d'ailleurs piocher dans le portefeuille de Microsoft, notamment dans la Power Plateform avec Power Automate et dans Microsoft Azure.
Comment articulez-vous votre offre avec Microsoft Copilot ?
En termes de LLM, nous capitalisons sur OpenAI. Mais (à la différence de Copilot, ndlr), nous ne sommes pas centrés uniquement sur ce provider. Nous sommes en effet agnostiques en termes de large language model (LLM, ndlr). La digital workplace de Powell est dotée d'un moteur supportant à la fois les LLM d'OpenIA, de Mistral et d'Anthropic. Même si nous sommes sur un marché de clients Microsoft, nous avons conscience que le LLM qu'ils utilisent n'est pas forcément celui d'OpenAI.
Par ailleurs, Copilot est une bonne technologie. Mais Microsoft n'a pas défini de cas d'usage associés et n'a pas une connaissance suffisamment poussée du métier de communicant pour mettre Copilot à la portée des utilisateurs. Copilot ne deviendra jamais un outil au service de l'intranet, car c'est un positionnement bien trop spécifique. Nous avons par conséquent développé notre propre Copilot que nous avons baptisé Powell Buddy.
Quels sont les principales fonctionnalités de Powell Buddy ?
Nous le positionnons comme un compagnon du communicant en entreprise. De ce point de vue, nous ne sommes pas en compétition avec Copilot car nous allons plus loin. En premier lieu, nous utilisons la genAI pour ses capacités de recherche qui sont absolument centrales dans le cas d'un intranet. Pour une direction de la communication, c'est fondamental car le search favorise la diffusion du savoir en entreprise. Dans ce cadre, OpenAI nous permet de proposer des fonctionnalités de recherche en langage naturel pour permettre à tout collaborateur d'accéder à une information, un document ou une procédure.
"Nous avons une fonction de bot conversationnel directement intégrée aux intranets métier"
Second cas d'usage de la genAI, Powell Intranet permet de saisir un prompt pour générer des articles que vous pourrez ensuite retravailler et corriger. Nous faisons également des recommandations d'images, et proposons des conseils en fonction du contexte. Nous réalisons aussi des recommandations sur la taille du message et son style au regard du public interne ciblé. L'objectif final est d'optimiser le niveau d'engagement. Il est ainsi possible de s'assurer qu'un maximum de salariés puisse retrouver du plaisir en se rendant sur leur intranet tout en étant plus productifs.
Comptez-vous développer votre propre LLM ?
La réponse est oui. C'est une option qui va être déployée d'ici quelques semaines. Elle sera destinée aux services de communication qui souhaitent aller vite et qui n'ont pas forcément le souhait de passer par le département IT. Cette solution beaucoup plus packagée s'adressera aux acteurs de taille modeste. Elle sera équipée de fonctions de monitoring des ressources IT consommées, avec un système de quotas par utilisateur, par profil. L'objectif étant de permettre aux clients de bénéficier de la solution tout en maitrisant la facture.
Que proposez-vous en matière de travail hybride ?
C'est un aspect qui est au cœur de notre plateforme, notamment depuis 2020 et la pandémie de Covid. Quand on n'est pas au bureau et qu'on a besoin d'accéder à des informations à distance, passer par un intranet statique est une contrainte. Pour répondre à ce défi, nous avons réinventé l'interface de la digital workplace via une application que nous avons baptisée Virtual Building. Elle se présente sous la forme d'une interface en 3 dimensions dans laquelle l'entreprise va reconstituer ses bureaux de manière virtuelle : premier étage, deuxième étage... open space, co-working space, cafétéria... Dans le co-working space, on pourra paramétrer l'espace de la machine à café pour permettre aux personnes distantes d'interagir avec celles travaillant sur site. Dans l'un des open space, on pourra retrouver les équipes sales, échanger avec elles et glaner les informations associées. Idem pour les RH. L'objectif est de casser la fracture entre ceux qui sont habitués au digital et ceux qui ne le sont pas.
Nous proposons la possibilité d'embarquer dans Virtual Building des scénarios, par exemple l'onboarding de nouveaux salariés. En fonction des espaces virtuels visités dans le parcours, un nouvel arrivant pourra retrouver ses informations RH, son contrat de travail, ou encore retrouver les documents relatifs aux certifications nécessaires à son nouveau poste.
Quelle est votre feuille de route en recherche et développement ?
Dans Powell Buddy, nous avons une fonction de bot conversationnel directement intégrée aux intranets métier. Aujourd'hui, ce bot indexe automatiquement les contenus de la plateforme. Demain, nous allons aller plus loin en l'étendant aux applications tierces. En matière de help desk par exemple, vous allez pouvoir converser au travers de Powell avec votre application ServiceNow pour récupérer un ticket de support. Dans les RH, vous aurez la possibilité d'en faire de même pour poser un jour de congés via Workday ou Lucca.
En parallèle, nous prévoyons de lancer prochainement notre propre service de newsletter ou encore de renforcer notre offre d'analytics pour donner aux services communication la possibilité de monitorer avec plus de granularité l'usage et l'engagement des collaborateurs.
Quels sont vos objectifs financiers ?
Powell est une entreprise rentable et profitable. Après avoir franchi la barre des 12 millions de revenu annuel récurrent, dont 50% à l'international, nous avons pour objectif de doubler ce chiffre d'affaires d'ici 2 à 3 ans. Sur un marché à 15% de croissance annuelle, nous délivrons une croissance constante de 25% par an en moyenne.
Powell compte par ailleurs plus de 550 clients à travers quatre régions que sont la France, les Etats-Unis, l'Allemagne et l'Australie, avec un total de 2,5 millions d'utilisateurs finaux. Parmi nos principales références, je peux citer le groupe Avril, La Poste, Groupama, CMA CGM, Carrefour Voyage, Groupe STEF et Tarkett en France, Quest Diagnostic aux Etats-Unis, Carl Zeiss en Allemagne ou encore l'université de Singapour en Asie.
Edouard Payenneville débute sa carrière chez Oodrive comme business development manager. En 2009, il rejoint Microsoft France comme enterprise account manager. Il gravit ensuite les échelons pour finir directeur des alliances stratégiques. C'est en 2020 qu'il est recruté par Powell. Il est d'abord nommé vice-président des partenariats stratégiques et des canaux de vente, puis chief sales officer. En janvier 2024, il est promu managing director.