Faites-vous partie des Français sensibles aux fake news étrangères ?
Une étude de la Fondation Descartes fait le point sur l'accueil de ces informations fallacieuses par l'opinion française.
Sommes-nous tous égaux face aux fake news en provenance de Russie, du Mali ou du Hamas ? Une étude récente de la Fondation Descartes sur la pénétration en France des récits étrangers sur les conflits contemporains, signée Laurent Cordonier, lève le voile sur la sensibilité des Français aux infox.
L'âge et l'orientation politique : des facteurs de vulnérabilité
L'étude met en lumière des disparités générationnelles : les plus de 65 ans font davantage confiance aux récits occidentaux (Ukraine, Israël, France, Taïwan), tandis que les 18-49 ans sont plus réceptifs aux récits russes, du Hamas, de la junte malienne et de la Chine. Par exemple, face à l'affirmation selon laquelle la Russie a attaqué l'Ukraine sans raison valable, 76,4% des Français y adhèrent, contre seulement 14,7% qui croient au narratif russe d'une Russie contrainte de se défendre contre l'OTAN.
L'orientation politique joue également un rôle : les sympathisants d'extrême gauche sont plus sensibles au récit du Hamas (32,7% croient que les attaques du Hamas contre Israël étaient un acte de résistance légitime), tandis que ceux du centre, de la droite et de l'extrême droite sont plus sensibles au récit israélien (67% pensent que le Hamas est un groupe terroriste).
Le comportement informationnel : un facteur clé
Mais l'élément le plus déterminant est sans doute notre comportement informationnel. Ceux qui s'informent via les médias nationaux et régionaux sont plus sensibles aux récits occidentaux, tandis que ceux qui privilégient les réseaux sociaux, YouTube et les messageries instantanées sont plus enclins à croire les récits russes, du Hamas, de la junte malienne et de la Chine.
Des exemples concrets de fake news
L'étude a analysé l'exposition des Français à des fake news précises, et les résultats sont frappants. Par exemple, concernant la guerre en Ukraine :
Le "fantôme de Kiev"
Cette fake news, qui prétend qu'un pilote de chasse ukrainien aurait abattu à lui seul six avions russes au début du conflit, a été relayée massivement sur les réseaux sociaux. L'étude montre que les personnes s'informant principalement sur ces plateformes sont plus susceptibles de la croire.
L'attentat de Moscou
Une autre fake news accuse les forces ukrainiennes d'être responsables d'un attentat meurtrier dans une salle de concert à Moscou. Là encore, la croyance en cette information est corrélée à une forte consommation d'informations sur les réseaux sociaux.
Les sanctions économiques inefficaces
Certains récits affirment que les sanctions économiques occidentales contre la Russie n'ont eu aucun impact négatif sur son économie. L'étude montre que cette fake news est plus répandue chez les personnes sensibles au récit russe.
Concernant le conflit israélo-palestinien, l'étude a également mis en évidence des fake news largement relayées sur les réseaux sociaux :
Les "40 bébés israéliens décapités"
Cette fake news, particulièrement choquante, prétend que le Hamas aurait décapité des bébés israéliens lors de l'attaque du 7 octobre 2023. L'étude montre que la croyance en cette information est plus forte chez les personnes sensibles au récit israélien, illustrant la tendance à croire plus facilement une information qui conforte nos opinions préexistantes.
Les "vidéos truquées"
D'autres fake news affirment que les vidéos montrant des civils israéliens morts lors de l'attaque du 7 octobre seraient des mises en scène orchestrées par Israël. La croyance en ces informations est corrélée à une forte consommation d'informations sur les réseaux sociaux.
La perception des attaques informationnelles
La majorité des Français (68,2%) est consciente que la France est la cible d'attaques informationnelles, notamment de la part de la Russie et de la Chine. Plus de 62% des sondés estiment que ces attaques sont un danger pour la France et sa démocratie. Cependant, l'étude montre que l'efficacité de ces attaques reste limitée, les Français étant globalement peu sensibles aux récits russes et chinois (seulement 14,7% et 15,2% respectivement).
Alors, êtes-vous sensible aux fake news ?
Si vous êtes plutôt jeune, si vous vous informez principalement sur les réseaux sociaux et si vous avez une défiance envers les médias traditionnels, vous êtes potentiellement plus exposé aux fake news étrangères. L'étude montre que la sensibilisation et l'esprit critique sont les meilleurs remparts contre la désinformation. Alors, restez vigilants, vérifiez vos sources et cultivez votre esprit critique pour naviguer dans l'océan tumultueux de l'information !