Eduquer le public à la lutte contre les arnaques en ligne
Phishing, usurpation d'identité, faux sites e-commerce… Les arnaques en ligne ont explosé en 2023, avec 2,55 milliards de menaces bloquées soit 321 chaque seconde.
L'anonymat d'Internet, les nouvelles technologies et les réseaux sociaux offrent aux escrocs un terrain de jeu idéal. Facebook concentre à lui seul 56% des menaces détectées. En 2023, les signalements ont bondi de 20% et le nombre de victimes a augmenté de 64% en huit ans selon le ministère de l'Intérieur.
Bien que l’IA reste notre alliée pour déjouer les fraudes, elle est aujourd’hui détournée par les fraudeurs. 83% des Français pensent que l’essor de l’IA permet la mise en place d’arnaques encore plus nombreuses et sophistiquées (Etude FBF). Face aux risques importants qu’elle représente, la sensibilisation des Français est alors plus que jamais nécessaire. Sans elle, les arnaques continueront de croître, causant des pertes financières massives et des dégâts psychologiques.
Le secteur privé davantage impliqué dans la lutte contre la fraude, nécessitant plus de soutien gouvernemental
La lutte contre les arnaques en ligne repose en grande partie sur l'engagement du secteur privé. Les banques et les assurances se sont bien adaptées dans le renforcement de la lutte contre la fraude, l'authentification à deux facteurs est par exemple une mesure efficace. Mais ces efforts, bien qu'importants, ne suffisent pas à éradiquer le problème. Les fraudeurs innovent sans cesse et s’accommodent rapidement aux nouvelles technologies. De plus, la tâche de lutter contre les arnaques est coûteuse et complexe pour les entreprises privées. Cela nécessite un apprentissage constant et une connaissance rapide des nouvelles méthodes de fraude. Les entreprises doivent rester vigilantes et ajuster leurs stratégies en permanence pour faire face à cette menace en évolution perpétuelle.
Bien que le gouvernement ait entrepris des améliorations et des campagnes de sensibilisation, il existe encore des opportunités pour renforcer l'implication du secteur public. Les pouvoirs publics disposent des ressources nécessaires pour mettre en place des dispositifs encore plus efficaces, qui pourraient être adaptés aux évolutions rapides du paysage numérique. Par exemple, il serait envisageable de diffuser à plus grande échelle la plateforme PIX, ou encore de proposer des formations accessibles à tous sur la sécurité des données sur internet.
La solution pour se protéger des arnaques en ligne réside-t-elle dans la sensibilisation des Français ?
Des mesures telles que le dispositif THESEE du ministère de l’intérieur permettent de signaler les escroqueries en ligne, mais ne suffisent pas à enrayer le problème. Le nombre de victimes continue d'augmenter, en partie à cause du manque d'information et de la sophistication croissante des arnaques. Les jeunes, pourtant familiers avec l'IA, sont parfois moins prudents, ce qui les rend plus vulnérables. Il est crucial d’améliorer la communication et d’éduquer les Français à identifier les signaux d’alarme typiques, comme les demandes d'informations personnelles non sollicitées ou les offres trop belles pour être vraies. Des pratiques simples, telles que vérifier l'authenticité des sites web et des courriels, effectuer un contre-appel pour s'assurer qu'un conseiller est légitime ou encore utiliser des extensions de navigateur contre le phishing, sont essentielles.
Les ressources disponibles en ligne pour sensibiliser aux arnaques restent limitées, souvent peu connues ou difficilement accessibles. Pour toucher efficacement un large public, il est essentiel d'exploiter la puissance des réseaux sociaux, vecteurs d'information rapides et larges, ainsi que les médias traditionnels comme la télévision, la radio et les panneaux d'affichage, pour garantir une communication massive et accessible.
La récente campagne de sensibilisation lancée par Meta en décembre 2024 et diffusée sur les réseaux sociaux, est un bel exemple d’initiative visant à protéger contre les arnaques en ligne pendant les achats de fin d'année. Elle met en lumière les différentes formes de fraudes et redirige les utilisateurs vers des informations les mettant en garde contre les dangers de la contrefaçon et du piratage.
Aussi, la médiatisation des arnaques est cruciale dans la sensibilisation. Avec l'ampleur croissante des fraudes, l'éducation aux arnaques devrait être intégrée dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge. Des ateliers gratuits en ligne et des cours certifiés pourraient être proposés pour renforcer cette sensibilisation. Un utilisateur bien informé saura repérer non seulement les fraudes actuelles, mais aussi anticiper les nouvelles formes qui apparaîtront. Bien que cela ne puisse stopper complètement les arnaques, cela contribuera à ralentir significativement leur impact. Ainsi, en renforçant la vigilance collective et en outillant chaque citoyen face aux menaces numériques, nous pouvons espérer une société mieux préparée à faire face aux arnaques en ligne.