Derrière chaque clic, la souveraineté numérique à l'épreuve

A l'heure où le numérique redessine les usages, la signature électronique est devenue un pilier de la transformation digitale. Mais sous ses airs simplistes, elle révèle néanmoins des enjeux majeurs.

A l’heure où le numérique redessine les usages, la signature électronique est devenue un pilier de la transformation digitale. Mais sous ses airs simplistes, elle révèle néanmoins des enjeux majeurs : une souveraineté numérique bradée, une cybersécurité mise à mal ainsi que des données personnelles souvent hébergées à l’étranger. Signer en ligne ce n’est plus qu’une simple validation, c’est aussi s’exposer à des risques de fuites de données. Souvent passée sous silence, l’extraterritorialité numérique soulève pourtant des questions qu'il est urgent d’affronter !

Le numérique au coeur des tensions géopolitiques mondiales

Depuis toujours, les puissances mondiales imposent leurs règles et leur vision du monde connecté. Même si l’Europe tente de reprendre la main en établissant des cadres réglementaires (RGPD ou eIDAS), la plupart de nos entreprises restent dépendantes de technologies et d’infrastructures qu’elles ne maîtrisent pas. Et si elle visait désormais nos données les plus sensibles et avec, la confiance de nos utilisateurs ? Face à un climat de plus en plus tendu, l’Europe n’est plus à même d’accepter de confier ses outils numériques les plus stratégiques à des acteurs extérieurs. 

La cybersécurité à l’épreuve de l’extraterritorialité

En 2024, près de 4 400 cyberattaques ont été recensées par l’Agence française de sécurité informatique (ANSI), soit une augmentation de plus de 15 % par rapport à 2023. Des cyberattaques qui représentent des menaces de plus en plus graves, et qui affectent une entreprise sur trois chaque année. 

De la protection des données sensibles à l’identité des utilisateurs en passant par la lutte contre la fraude, la cybersécurité va bien au-delà. Désormais, contrats, transactions financières, identité des utilisateurs, documents personnels ou professionnels, tout est numérisé. Garder la main sur ces flux devient alors vital  !

L’extraterritorialité des services numériques, en particulier ceux basés aux Etats-Unis ou contrôlés par des fonds américains, représente un danger pour notre souveraineté. Externaliser ses services, principalement pour des raisons de coûts, revient à sacrifier le contrôle de ses données. En effet, en cas de conflit, c’est bien le droit américain qui prévaut et ce, même pour des données européennes. 

Approche transverse et interne à l’entreprise

Connaître les enjeux, les risques mais aussi la composition du capital de ses prestataires sont des éléments importants ! Les entreprises ne peuvent plus se contenter d’un choix tourné exclusivement vers le prix, mais doivent mener une analyse globale en y incluant la solidité de la chaîne de sous-traitance et la structure de ses partenaires. Pour cela, la rédaction d’un cahier des charges strict en amont est indispensable pour faire un choix éclairé et préserver sa souveraineté. Et alors que l’accélération massive des cyberattaques a mis en lumière les dangers d’une dépendance vis-à -vis des entreprises étrangères, la transparence sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement est un impératif !

Sensibilisation aux problématiques d’extraterritorialité

La distribution d’aides financières aux entreprises par l’État pour accélérer leur digitalisation c’est bien mais ne suffit plus. L’État doit assumer son rôle et poser un cadre réglementaire clair et ambitieux à travers une politique d’incitation à l’utilisation de solutions françaises souveraines, aussi bien dans la sphère publique que privée. Il pourrait élaborer une checklist de ces solutions pour accompagner les citoyens dans leurs choix.

Enfin, l’État lui-même doit se montrer exemplaire en utilisant ses propres services et en appliquant ces principes de souveraineté dans ses achats et partenariats.

En adoptant ces principes, la France peut construire une transition numérique forte, responsable et ancrée dans la souveraineté, assurant ainsi une meilleure maîtrise de ses données et de ses infrastructures essentielles.