Le feel good management tacle le turnover

Comment les vertus du bonheur au travail contrent les gaspillages du turnover. Le point sur le retour d'expérience de notre digital company.

Six mois de salaire, c’est le tarif. Le départ d’un employé coûte six mois de salaire à son entreprise.

Un montant minimum qui comprend les charges administratives liées à la séparation, le coût du processus de recrutement et d’intégration du nouveau salarié, le ralentissement de la productivité inhérente à la situation, l’impact sur le moral des équipes… Et ce n’est que la partie émergée d’un iceberg qui refroidit sacrément les relations au sein de l’entreprise. Cet iceberg, c’est le turnover.

Comment le contrer ?

En appliquant les principes du « Feel Good Management » car oui, le bien-être au travail enraye le renouvellement intempestif du personnel…

La preuve : Ametix. Le Feel Good Management est dans l’ADN de cette société de services du numérique (ESN) que j’ai cofondée il y a 6 ans.

Dès ses débuts, elle en a adopté les codes et l’art de vivre inspirés des start-up : le babyfoot, les fruits à volonté, les bureaux en open space accueillants et colorés, les tenues décontractées, le développement de l’esprit d’équipe dans la bonne humeur et les encouragements…

Résultat : Une croissance annuelle de 100% et l’embauche de 400 collaborateurs, Ametix présente un taux de turnover inférieur à 5% quand la plupart des ESN affichent 15% voire 40%.

Ametix a été racheté par la société Docapost (filiale du groupe La Poste) spécialisée dans la transformation digitale des entreprises.

Plus qu’une valeur savamment calculée*, le taux de turnover est un bon indicateur du climat social et économique d’une entreprise. Est-il à moins de 5% ? Tout va bien. À plus de 15%, rien ne va plus : les départs des employés se multiplient.

En cause souvent : le manque de reconnaissance de la hiérarchie, la mauvaise ambiance dans les bureaux, le management du bâton plutôt que celui de la carotte… Même une augmentation de salaire ne suffit pas à retenir le salarié démotivé. D’autant que d’autres entreprises lui tendent les bras : le marché du numérique connaît une telle pénurie d’effectifs que 80 000 postes pourraient même rester vacants en 2020**.

La rétention des talents, voilà le nouveau défi des entreprises en pleine transformation digitale.

Spécialiste de ces questions, la société de conseil Ametix a démontré à ses clients qu’elle savait faire.

L’an dernier, quand la société Docapost dirigée par Olivier Vallet a racheté Ametix, elle a réalisé une croissance externe parfaite : pas un développeur ni un ingénieur, ni un commercial, pas un salarié d’Ametix n’a quitté l’entreprise, un tel phénomène est suffisamment rare lors d’un rachat pour être souligné. Autre performance : Ametix a été classée parmi les "Great Place To Work", label de renom qui désigne les entreprises où il fait bon travailler.

Que préconiser pour atteindre cet art de vivre au bureau ? /  Quels sont mes conseils pour atteindre cet art de vivre au bureau ? /

Quelques classiques sont indispensables : des locaux sympas, une table de ping-pong, des jeux d’arcades, le Flex Office, une déco cool, des boissons fraîches à volonté, la Welcome Box pour les nouveaux arrivants…

Très  à la mode en ce moment : la tendance "healthy" avec des fruits bio et des séances de méditation. À suivre : permettre au salarié de dédier un pourcentage de son temps travail à un projet personnel - comme chez Google et Salesforce. Vient de sortir : le système des congés payés illimités ; à l’employé de choisir ses jours de repos, quand et combien, à lui de se responsabiliser. Le télétravail aussi fait percée. Un bon comité d’entreprise, un service de conciergerie, une crèche, sont appréciés. Petites attentions ou grands avantages, ces "services plus" et cette convivialité rendent la vie de chaque individu plus confortable.

Souder les équipes, les rendre fières, booster l'esprit de famille et la marque employeur, voilà qui est primordial également. Cette énergie est galvanisée à travers les "team building", petits-déjeuners, déjeuners, afterwork, soirées, événements, en mode festif ou conférence... Chez Ametix, nous avons dansé dans un discobus Place de la Concorde à  Paris, joué au bowling avenue Foch, découvert le dernier Star Wars en avant-première au cinéma Pathé Levallois.

Pour autant le Feel Good Management n'est pas une invitation au Club Med.

Les sondages auprès des salariés (leurs retours d'expérience, leurs motivations, leurs besoins) démontrent leur volontarisme : à leur demande, nous animons régulièrement des clubs dédiés à la cryptomonnaie, au gaming, au big data

Nous avons lancé et nous rééditons chaque année  l’événement du Meilleur Dév’ de France avec son hackathon national.

Dans les logiciels, pas question de traîner sur des techno vieillissantes : intellectuellement et professionnellement, les salariés souhaitent du matériel et des produits qualitatif, pointus, dernière génération.

Au cœur du cœur du Feel Good Management, dans les motivations qui parlent aux employés 3.0 et les font rester dans l’entreprise, s’attacher et se booster, il y a une valeur forte : l’intégrité.

Celle qui reconnaît le travail bien fait ou le remet sur les rails quand il faut s’améliorer, celle qui lutte contre les discriminations de toutes sortes, celle qui fait qu’on se sent bien dans ses baskets. 

Et figurez-vous que ce Feel Good Management est payant : en 2013 déjà, Olivier Pastré, membre du Cercle des économistes, et Alexandre Jost, fondateur de la Fabrique Spinoza, co-auteur du livre blanc "Le bonheur au travail" édité en mars dernier par Sciences Po, estimaient qu’une entreprise pouvait augmenter son chiffre d’affaires de 1% en veillant simplement au bien-être de ses équipes.

S’il fallait une motivation supplémentaire pour passer au Feel Good Management, c’est fait !

*Taux de turn-over = [(Nombre de départs au cours de l’année N + Nombre d’arrivées au cours de l’année N)/2] / Effectif au 1er janvier de l’année N. À multiplier par 100 pour obtenir un pourcentage.

**Source : Conseil d'orientation pour l'emploi, placé auprès du Premier ministre