Savina Blot-Dollfus (Marco Vasco) "Nous avons lancé un chatbot de recrutement sur Facebook Messenger"
À l'approche de la Nuit du Directeur Digital, la CDO du spécialiste du voyage sur-mesure revient pour le JDN sur un projet majeur qu'elle a conduit.
JDN. Quel est le projet le plus important sur lequel vous avez travaillé en 2018 ?
Savina Blot-Dollfus. Parmi nos différents projets dans le numérique - près de 150 dont une dizaine particulièrement structurants, nous avons notamment décidé de nous attaquer au turn-over à l'intérieur de l'agence (27% par an, ndlr) en faisant du numérique un véritable outil de recrutement et de fidélisation dans sa dimension humaine et organisationnelle. Etant une agence de voyages personnalisés sur Internet, il est important d'avoir des collaborateurs pertinents sur les destinations qu'ils commercialisent. Pour ce faire, nous avons lancé à la rentrée 2017 un chatbot de recrutement spécifique sur Facebook Messenger, avec l'agence Jefferson & Son. C'est excellent en termes de notoriété et ne nous coûte pas grand-chose. Surtout, nos recrutements sont désormais bien adaptés à la manière de vivre des millennials (la moyenne d'âge chez Marco Vasco est inférieure à trente ans, ndlr). Il faut que nos collaborateurs aussi comprennent ce qu'on leur demande ! Nous avons recruté sept conseillers voyages en six mois et obtenus l'an dernier un Top Com d'argent pour cette initiative.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières depuis votre prise de fonction ?
La dimension technique des projets et des solutions est parfois mal perçue par les parties prenantes même si les facteurs de réussite ou d'échec sont surtout liés à l'humain. La capacité à faire participer les équipes (entretiens individuels et collectifs, brainstorming, testeurs, valideurs, référents), embarquer l'ensemble des collaborateurs, leur donner une vision, vulgariser les concepts, communiquer aux clients, sont la condition sine qua non pour réussir de telles transformations.
De combien de collaborateurs disposez-vous, de qui dépendez-vous et quel est votre budget ?
Je dispose d'une équipe d'une dizaine de personnes à Paris et d'autant de développeurs à Shanghai. Quant à moi, je dépends d'Alexandre Vercoutre, le nouveau directeur général de Marco Vasco, et suis en relation régulière avec Mathieu Bouchara et Geoffroy Becdelièvre, les deux fondateurs de l'agence, ainsi qu'avec Jean-Luc Breysse, directeur général adjoint du groupe Le Figaro. Côté budget, cela reste modeste, dans une fourchette entre 50 000 et 100 000 euros par an.
Qu'est-ce que votre appartenance au groupe Figaro vous apporte ?
Nous avons toujours conservé une grande indépendance et sommes très complémentaires de Maisons du voyage, une agence à vocation culturelle également rachetée par le groupe Figaro (propriétaire de CCM Benchmark, éditeur du JDN, ndlr) en septembre 2016, ce qui nous donne deux territoires de marques distincts et assez puissants avec un chiffre d'affaires global de 120 millions d'euros par an , dont 69,4 millions pour Marco Vasco l'an dernier. Quant aux relations avec Le Figaro, cela nous apporte surtout de la génération de leads.
En résumé
Pourquoi ce projet est-il innovant ?
"Parce que nous sommes les premiers à lancer un chatbot en matière de recrutement et que cela correspond bien aux profils et au mode de fonctionnement des collaborateurs que nous recherchons."
Pourquoi ce projet est-il stratégique ?
"Parce que le recrutement est nécessairement stratégique pour une entreprise de services. Surtout dans le domaine du voyage sur mesure où l'environnement est hyperconcurrentiel."
Pourquoi ce projet est-il transformateur ?
"Parce que cela révolutionne la manière de travailler de nos équipes RH et que cela permet de nouer de nouveaux partenariats."
Pourquoi ce projet est-il accélérateur ?
"Parce que cela permet de joindre un potentiel collaborateur avec davantage de simplicité là où il est à un instant T. Cette forme d'instantanéité est aussi une manière de révolutionner le marché du recrutement et de l'emploi."