Christian Pimont (Celio International) "L'e-boutique de Celio aura du mal à dépasser les ventes de nos flagships"

Après une tentative infructueuse il y a dix ans, Celio a ouvert en novembre 2009 une nouvelle e-boutique. Le président de l'enseigne en dresse un premier bilan.

JDN. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de vous remettre à la vente en ligne ?

Christian Pimont. En 2000, nous avions déjà ouvert une e-boutique. Mais à l'époque nous avions enregistré très peu de ventes et en 2002, nous l'avons fermée. Nous avons continué à observer ce qui se passait. Dans le domaine du textile, les sites marchands sont souvent basés sur le modèle du discount et des fins de séries. Or ce n'est pas du tout notre objet.

Fin 2008, nous avons commencé à sentir une évolution du comportement du consommateur sur Internet. Il prenait de la maturité et devenait capable d'apprécier des offres non discount, segment où les ventes augmentaient. En outre, une présence sur le Web était de plus en plus intéressante en tant que vitrine pour les clients qui souvent effectuent sur Internet une présélection des produits qu'ils achètent en magasin. Début 2009, nous avons donc pris la décision de revenir, cette fois-ci en collaboration avec MixCommerce.

Quelles sont vos ambitions pour le site marchand ?

Le chiffre d'affaires du site marchand s'inscrit aujourd'hui dans le premier tiers de nos magasins. Il s'est en particulier montré très performant au moment des soldes. Chez les autres enseignes, on observe souvent que l'e-boutique devient le premier point de vente du réseau. Chez nous, le site aura du mal à dépasser quelques flagships comme celui des Champs-Elysées, mais il finira tout de même par représenter quelques pourcents de notre activité. Nous avons annoncé dans tous les magasins l'ouverture du site mais à part cela, chaque canal vit sa vie : pour l'instant, nous n'avons pas développé de synergies multicanales particulières. Nous ne livrons par exemple pas en magasin, même si nous y réfléchissons.

Je crois par ailleurs que les grandes enseignes du retail vont progressivement acquérir une place prépondérante sur l'Internet marchand. Le canal Web devient un canal de vente comme un autre. Les marques fortes vont en tirer parti plus que les autres, notamment parce que l'exigence des consommateurs va augmenter.

Celio a des boutiques dans 21 pays. Projetez-vous de vendre en ligne à l'international ?

Une marque se vend bien en ligne lorsqu'elle est connue sur son marché. Or nous n'avons par exemple pas la même image en France qu'en Italie, même si nous avons une belle présence là-bas. Autrement dit, se borner à y dupliquer notre site français ne fonctionnerait pas : il faut être beaucoup plus proche des clients que cela. Nous n'allons donc pas nous lancer immédiatement dans la vente en ligne à l'étranger. Toutefois, nous sommes très présents notamment en Belgique, en Espagne et en Italie. Y développer un jour une activité d'e-commerce n'est donc pas du tout impensable.