Alain de Mendonça (Karavel-Promovacances) "LBO France prend 75 % du capital de Karavel-Promovacances"

Le voyagiste en ligne entre dans un nouveau cycle financier. Son cofondateur et DG détaille ses nouveaux projets : ventes privées, acquisitions, international et nouvelles agences physiques.

JDN. Karavel-Promovacances vient d'annoncer l'arrivée de LBO France à son capital. Comment s'est passée cette nouvelle opération ?

Alain de Mendonça. Il s'agit de notre quatrième opération capitalistique. Nous avons fondé Karavel il y a dix ans, nous l'avons vendu, nous l'avons repris, nous l'avons revendu et nous l'avons à nouveau repris. Nous faisons entrer des partenaires financiers pour trois à cinq ans. Après quatre ans au capital de Karavel-Promovacances, Barclays Equity arrivait à la fin d'un cycle. Nous les encouragions donc à sortir, car nous avons de nouveaux projets. Nous avons donc fait entrer un nouveau partenaire financier, LBO France, et nous entrons dans la quatrième phase de notre développement.

Le capital de Karavel-Promovacances est maintenant détenu à 75 % par LBO France. Quant à la part des salariés et de l'équipe de direction - mes deux associés Folco Aloisi et Marc Lacouture et moi -, elle se renforce à 25 %. Entre Meetic repris par un Américain, Priceminister par un Japonais et autres multiples exemples, je me réjouis que tout le paysage Web français ne soit pas racheté par des acteurs étrangers !

Quels autres fonds vous avaient fait des propositions ?

Quatre autres fonds étaient en lice : Palamon Capital, Sagard, ainsi que L Capital (Bernard Arnaud) et de 21 Centrale Partners (Benetton), ces deux derniers ayant formulé une candidature commune. LBO France est le fonds le plus gros de tous.

"Nous voulions être présents sur le segment des ventes privées"

Le montant de 200 millions d'euros est évoqué pour l'investissement de LBO France...

C'est à peu près cela.

Votre chiffre d'affaires 2010 ?

400 millions d'euros.

En janvier 2011, Karavel-Promovacances a lancé Club Privé Vacances. Qu'attendez-vous du secteur des ventes privées ?

Il n'existe pas qu'un seul client : il y a des clients de dernière minute, des clients de ventes privées qui achètent de manière impulsive, des clients d'agences physiques, des clients brochures... Nous voulons être présents sur tous les segments. Et en particulier sur celui des ventes événementielles de voyages, qui constituent un secteur en fort développement.

Nous pensons qu'il y a de la place pour nous sur le créneau. La différence entre les acteurs réside à mon sens dans la qualité des offres qu'ils envoient à leurs membres. Or nous avons les équipes qu'il faut pour trouver ces offres. Nous ne voulons pas être leader, mais être actifs sur ce segment.

Quelles sont vos ambitions à l'international ?

Suite au rachat en 2008 d'AB Croisière, le numéro 1 de la vente en ligne de croisières en France, nous avons décliné cette activité en Italie en février 2010 et en Espagne en février 2011. Dans ces deux pays, les fournisseurs et les méthodes de vente sont globalement les mêmes qu'en France. 50 % des offres sont communes avec la France. Même si, bien sûr, ces activités nécessitent quelques ajustements. Par exemple, la clientèle des croisières est plus jeune en Espagne qu'en France.

Au-delà des croisières, maintenant que nous avons bouclé ce tour de table, nous souhaitons développer Promovacances à l'étranger. De façon organique ou par acquisitions, ce sera au cas par cas. Notre paysage capitalistique étant désormais clarifié, nous allons pouvoir avancer là-dessus.

"Nous allons encore ouvrir une dizaine d'agences physiques"

Les réussites à l'étranger sont plutôt rares. Quels sont vos atouts ?

Nous en sommes conscients. Mais nous avons une technologie que nous maîtrisons, notre offre est percutante notamment en matière de prix, nous maîtrisons également l'acquisition de clients sur Google et consorts, et enfin nous disposons de bonnes capacités de financement.

Vous avez commencé à déployer une stratégie multicanal et disposez actuellement d'une vingtaine d'agences physiques. Allez-vous continuer à en ouvrir ?

Nous avons toujours eu cette vision multicanale. Ce que nous vendons est dématérialisé, il est donc important d'avoir une présence physique qui rassure les clients, même si le chiffre d'affaires des agences est très modeste. En outre, nous touchons des clients différents. En réalité, ces agences ont le même rôle que des showrooms. Nous voulons donc en avoir une dans chaque ville de province et couvrir ainsi toute la France. Nous allons encore en ouvrir une dizaine dans les mois à venir.

Quels sont vos autres projets ?

Nous finissons de refondre complètement le site de Promovacances. La nouvelle version sera mise en ligne avant l'été. Nous mettons davantage l'accent sur le multimédia au travers de vidéos, photos, cartes... Nous avons développé la partie client : feedback, Facebook et tout ce qui est UGC. Le site fournit davantage d'informations, par exemple sur les disponibilités restantes. Nous mettons aussi plus en avant les conseillers téléphoniques. En bref, le site est davantage tourné vers le client et bénéficie de fonctionnalités technologiques plus poussées.

Alain de Mendonça, 41 ans, est le cofondateur du groupe Karavel-Promovacances, qui opère Promovacances.com, ABcroisiere.com, Partirpascher.com, Unmondeadeux.com, Tati-vacances.com, Karavel.com, JaimeLeSki.com et Voyagechic.com. Diplômé de l'ESC Reims et titulaire d'un MBA de Harvard, il débute sa carrière au marketing de Procter & Gamble. Il est aux Etats-Unis lorsqu'avec Folco Aloisi et Marc Lacouture il fonde Karavel et lance le site en mai 2001. En octobre 2001 il rachète Promovacances, alors en dificulté. En 2005, Karavel rejoint le groupe Amadeus. En 2007, Alain de Mendonça redevient propriétaire de Karavel-Promovacances aux côtés de Barclays Equity. Une opération menée sous forme de MBO, pour permettre aux salatiés qui le souhaitent d'entrer au capital de leur entreprise.