Jason Goldberg (Fab.com) "Fab.com se lance en France aujourd'hui"

Le site marchand US de design annonce qu'il attaque le marché français, qu'il arrête les ventes privées et qu'il lance une marque propre. Explications de son cofondateur et PDG.

JDN. A partir de ce 30 avril, la France est couverte par votre plateforme européenne eu.fab.com, qui livrait déjà tous les autres pays d'Europe depuis septembre 2012. Pourquoi avoir attendu jusqu'à aujourd'hui ?

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Jason Goldberg, cofondateur et PDG de Fab.com © S. de P. Fab.com

Jason Goldberg. Nous voulions être sûrs de proposer aux consommateurs la meilleure expérience possible. Nous avons pris le temps de mettre en place nos opérations, de comprendre les spécificités du pays en termes de logistique ou encore de service client.

Et nous allons continuer à apprendre sur le consommateur français. Pour l'instant, nous n'avons pas traduit le site et à part quelques offres en français qui vont nous servir de test, tout reste en anglais. Nous allons attendre de mieux connaître le consommateur français avant de traduire notre portail.

 

L'e-marchand français MyFab, qui se positionne également sur le design, vous a jusqu'ici empêché d'employer le nom Fab en France. Cette bisbille s'est donc résolue ?

Je ne désire pas commenter cette affaire, sinon pour dire qu'elle a effectivement été résolue.

 

Que représente l'Europe dans vos ventes et quelles sont vos ambitions sur le marché français ?

En 2012 nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 100 millions de dollars, que nous allons plus que doubler cette année. L'Europe représente plus de la moitié de nos ventes et devrait atteindre 100 millions d'euros en 2013. Pour l'instant, l'Allemagne est notre plus gros marché européen, représentant 50% de nos ventes sur le continent. Le Royaume-Uni est le second, pesant 25% de notre chiffre d'affaires européen. Etant donné qu'en taille, le marché e-commerce français se situe à peu près à mi-chemin de ces deux pays, nous pensons que la France devrait bientôt représenter 20% à 25% de nos ventes en Europe.

 

L'incubateur allemand Rocket Internet a lancé plusieurs projets d'e-commerce de design en France, parmi lesquels West Wing ou encore Bamarang, qui depuis a fermé. Pourquoi Fab réussira-t-il mieux ?

Nous offrons une gamme unique de produits design pour tous les jours. Ils sont modernes, originaux, décalés et pour 90% d'entre eux ils sont uniques, on ne les trouve nulle part ailleurs. Pour réussir sur ce segment, ce n'est pas une question de discount, mais de bons produits. La meilleure preuve est que Bamarang, un copycat de Fab qui a été jusqu'à copier l'apparence de notre site Web, a échoué. Copier un business est chose difficile, lorsque le business en question est basé sur le goût.

 

Vous annoncez également l'ouverture d'une boutique physique. Est-ce la première d'une longue série ?

Nous venons en effet de racheter la société allemande MassivKonzept, une start-up de 30 personnes basée à Hamburg, spécialisée dans la customisation en ligne de mobilier. Nous avons transformé le showroom de MassiveKonzept en boutique "Fab Designed by You" dans laquelle nous montrons les possibilités de personnalisation que nous offrons.

Nous avons l'intention d'effectuer d'autres expérimentations en matière de distribution physique, en essayant des formats différents. Comme nous le faisons sur le Web, par exemple avec la personnalisation, nous voulons réimaginer la façon dont les consommateurs découvrent et achètent des produits dans le retail. Nous ne voulons pas opérer des magasins semblables à ce qui existe déjà, mais inventer une nouvelle façon de consommer. Elle sera d'ailleurs intimement multicanale : les magasins doivent être un lieu d'interaction, que la transaction soit conclue en boutique ou ultérieurement, sur le site.

 

Vous avez par ailleurs décidé d'abandonner les ventes événementielles pour adopter le modèle économique d'un site e-commerce à part entière. Pourquoi ?

Nous lançons de nouveaux produits tous les jours. Fab est en quelque sorte devenu une marketplace pour des milliers de designers. Nous avons saisi cette opportunité d'élargir notre activité en proposant nos produits tous les jours plutôt que seulement une fois de temps en temps.

La transition logistique que ceci implique est déjà faite. A notre lancement il y a deux ans, nous pratiquions beaucoup le dropshipping avec nos fournisseurs, mais nos clients réclamaient d'être livrés beaucoup plus rapidement. Nous avons donc commencé à stocker une partie de notre catalogue. Aujourd'hui, aux Etats-Unis, 75% des articles sont expédiés sous 2 heures et nous sommes capables de proposer la livraison en 24 heures pour bon nombre d'entre eux. Nous allons d'ailleurs ouvrir un centre logistique aux Pays-Bas cette année pour pouvoir assurer le même service en Europe. Bref, évoluer vers un modèle full e-commerce s'est fait complètement naturellement et nous pouvons aujourd'hui matérialiser ce pivot vis-à-vis des consommateurs.

 

Vous avez enfin annoncé vouloir développer une marque propre. Quel est votre objectif ?

Nous voulons proposer les produits les plus excitants au monde. Il faut donc que les gens ne les aient jamais vus avant. Nous employons 10 designers et allons doubler l'effectif de cette équipe dans l'année à venir. Mais nous travaillons aussi déjà avec tout un écosystème de designers. Or je vous garantis que la plupart veut uniquement designer et se passerait bien de devoir vendre. Nous pouvons les y aider en nous chargeant de la fabrication et du marketing de leurs créations. Ce qui, en retour, nous permet d'avoir des produits fantastiques et uniques. Nous pensons que notre marque propre représentera 5% d'ici la fin de l'année et le double un an plus tard. Nous n'avons en revanche pas l'intention d'intégrer entièrement la fabrication dans notre modèle. Nous continuerons toujours de commercialiser les productions d'autres designers.