Emmanuel Grenier (Cdiscount) "Notre croissance est de 10% cette année"

Le président de Cdiscount affiche les ambitions du leader français du e-commerce, entre consolidation des acquis et regard tourné vers l'international.

JDN. Comment s'annonce l'année 2019 de Cdiscount en termes de business ?  

Emmanuel Grenier. Nous faisons une belle année avec une croissance à 10%, notamment tirée par la vente des produits de la marketplace et par notre activité de services : les services à domicile pour la vie quotidienne d'une part et les les services liés au loisirs d'autre part, boostés par les ventes de voyage et de tickets pour les divertissements. Globalement, l'activité autour de la plateforme est très satisfaisante. Nous comptons plus de 12 000 vendeurs et notre site connaît une fréquentation de 20 millions de visiteurs uniques chaque mois. Nous pouvons toujours faire mieux. Avons-nous développé assez de services, référencé suffisamment de produits ?

L'essentiel pour nous est de confirmer la stratégie de notre plateforme avec un axe RSE autour du respect de l'environnement. Parallèlement, nous avons mis en place en interne un comité Data éthique afin de travailler sur la question de l'IA ethique et développer des algorithmes non discriminant. La plateforme reste le centre névralgique de notre activité.

Emmanuel Grenier, PDG de Cdiscount. © Cdiscount

Quelle est votre feuille de route pour 2020 ?

En 2020, nous souhaitons davantage développer nos produits et nos services, et bien entendu la plateforme européenne IMN en nouant des partenariats avec des sites européens.

Justement, concrètement, comment va fonctionner cette marketplace européenne : International Marketplace Network ?

Cdiscount s'est associé à trois marketplaces leaders en Europe eMAG (Roumanie), ePrice (Italie) and Real.de (Allemagne) pour créer l'International Marketplace Network, une alliance qui offre aux marchands une interface de connexion unique et simplifiée. Les 27 000 vendeurs que représentent ce réseau peuvent ainsi s'ouvrir à un marché potentiel de 230 millions de consommateurs. Cdiscount s'appuie ainsi sur le marketing des sites partenaires déjà implantés pour vendre. De la même manière, cette alliance permet aux clients d'accéder à une plus grande offre de produits. Par ce moyen, nous souhaitons créer une empreinte européenne mais aussi fidéliser nos vendeurs en leur permettant d'étendre leur marché aux pays voisins, au lieu du seul marché français, mais aussi en les accompagnant dans leur processus de digitalisation.

En permettant aux vendeurs de synchroniser leurs offres en temps réel et de manière totalement sécurisée sur toutes les plateformes du réseau, l'IMN, dont l'interface a été réalisée par la filiale de Cdiscount Beez-Up, constitue une performance technologique majeure. Actuellement, nous démarchons une centaine de sites européens de la façon suivante : "Etes-vous intéressés pour obtenir certains produits ? Nous en disposons au sein de notre base de données et nous sommes en capacité de les fournir à vos clients." Par ailleurs, International Marketplace Network doit répondre à l'enjeu de créer des produits malgré les différentes langues. Actuellement, nous proposons un million de nouveaux produits chaque semaine.

Quel bilan dressez-vous des French Days qui se sont déroulés du 27 septembre au 1er octobre, notamment par rapport à la période du Black Friday ?

Les French Days ont été lancés au printemps 2018. Ce rendez-vous rencontre un vrai succès durant quatre jours, au printemps et à l'automne. En terme d'activités, ces périodes sont supérieures aux tendances du moment, et c'est compréhensible dans la mesure où plus de 200 sites participent à l'opération, ce qui amplifie le retentissement au niveau national. Les French Days du printemps sont plus puissants que ceux de l'automne, qui précèdent le Black Friday. D'une manière générale, le deuxième trimestre est plus creux commercialement.

Une récente enquête du JDN a mis à jour le business autour des avis de consommateurs achetés par des marchands, en particulier chinois. Comment agissez-vous face à ce phénomène ?

Nous appliquons la réglementation en vigueur en offrant à nos clients une information transparente. Concrètement, notre politique en la matière prend vie grâce à notre prestataire Bazaarvoice qui contrôle chaque avis avant leur diffusion, via un système d'algorithmes. Bazaarvoice vérifie l'historique et l'origine des avis, et entreprend une analyse approfondie, en cas de commentaire douteux, avant la publication sur le site. Les clients peuvent également signaler un avis douteux.

Quel est votre avis et où en êtes-vous de la mise en place de la 3D secure 2.0 ? Avez-vous fait des tests et si oui pour quels résultats ?

La loi évolue pour réduire la fraude et chez Cdiscount, le taux de fraude est relativement faible. En attendant les changements au 31 mars prochain, nous sommes actuellement en phase de test afin d'être totalement prêt le moment venu. A notre niveau, l'enjeu est de fluidifier au maximum le parcours client. Nous améliorons ce volet en permanence au cours de nos essais. Bien entendu, l'enjeu de l'authentification forte repose d'abord sur les banques avec lesquelles nous travaillons.

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