Jean-Sébastien Leridon (Relais Colis) "Relais Colis prévoit une croissance de 10% du volume de colis en 2020"

Le directeur général du réseau de livraison de colis aux particuliers, en relais et à domicile, évoque le pic de fin d'année à venir sur l'e-commerce et se veut confiant quant à l'activité de son entreprise.

JDN. Quel bilan faites-vous de l'activité de Relais Colis après deux confinements ?

Jean-Sébastien Leridon, directeur général de Relais Colis. © Relais Colis

Jean-Sébastien Leridon. Notre métier consiste à livrer aux particuliers ce qu'ils ont commandé sur Internet à travers deux activités. Tout d'abord, la livraison à domicile sur rendez-vous, de produits volumineux. Ensuite, nous livrons les petits colis aux particuliers via les relais et commerces de proximité. Concernant l'activité de livraison à domicile, nous bénéficions à 100% du boom du e-commerce. Depuis le déconfinement du mois de mai, nous enregistrons une croissance de 20% tous les mois. En effet, nous constatons un fort développement de la vente de meubles et d'électroménager sur Internet depuis le premier confinement et cette tendance se confirme chaque semaine. 

En revanche, notre activité de livraison dans les relais colis connaît des difficultés. D'un côté, nos relais bénéficient de l'essor du e-commerce et voient leur chiffre d'affaires fortement augmenter mais beaucoup ont été fermés au cours des confinements. Nous avons suspendu nos opérations pendant plus d'un mois lors du premier confinement. Le deuxième confinement se passe mieux car nous n'avons fermé provisoirement que 20% de nos relais. Par ailleurs, le fait que les consommateurs soient en télétravail les incitent davantage à opter pour la livraison à domicile.

A l'approche des fêtes de fin d'année, comment anticipez-vous cette période synonyme de pic de ventes en e-commerce ?

Nous entrons dans la période du pic de fin d'année qui est un temps fort puisque nous triplons nos volumes par rapport au reste de l'année. Comme tous les ans depuis 2017, nous battrons cette année aussi nos records de volume de colis car l'e-commerce croît toujours. Au final, nous prévoyons une croissance de 10% du volume de colis sur 2020 par rapport à l'an dernier. Mais cette année, la période de pic est plus difficile à préparer. Les années précédentes, nous anticipions la fin d'année dès le mois de juillet avec un dernier point au mois de septembre. Il y a encore quinze jours, hormis la date de Noël, nous ne savions rien d'autre. Mais nous sommes confiants car nous avions prévu différentes hypothèses. La seule certitude, c'est le développement du e-commerce et nous sommes organisés pour gérer beaucoup de flux en doublant voire en triplant nos moyens de production.

La réouverture des commerces devrait vous permettre d'aborder la fin de l'année plus sereinement.

En effet, c'est une très bonne nouvelle pour nous car nos points relais vont tous rouvrir. Nous en comptons un peu plus de 5 000 en France et un millier étaient fermés pendant le deuxième confinement. Nous dépendons réellement de l'écosystème du commerce et nous nous réjouissons de la réouverture des commerces physiques. Nous avons commencé à contacter nos relais afin de les accompagner et de convenir avec eux des modalités de réouverture.

"Nous constatons un fort développement de la vente de meubles et d'électroménager sur Internet depuis le premier confinement"

Comment a évolué la relation entre Relais Colis et les sites marchands ces derniers mois ?

Plus que jamais, leur problématique nous concernant est de gérer leur croissance qui s'est accélérée cette année, en trouvant des solutions pour livrer les colis. C'était un challenge pour certains transporteurs comme La Poste qui avaient fortement réduit ses capacités au cours du premier confinement. Actuellement, le principal sujet des marchands et de la centaine de clients avec lesquels nous travaillons concerne notre capacité à absorber leur forte activité. Nous avons également été sollicités lors des périodes de fermeture et réouverture des magasins où il a fallu récupérer les colis présents dans les magasins fermés.

Quid de l'activité logistique cette année ?

Nous travaillons avec deux types de transporteurs : les transporteurs poids lourds et les camionnettes chargées des livraisons du dernier kilomètre. Les transporteurs poids lourds relient nos dépôts entre eux, nos plateformes de tri et effectuent toutes les liaisons inter-agences. Ces transporteurs étaient contents de continuer à travailler avec nous car leurs autres activités BtoB telles que l'aéronautique ou l'automobile étaient en recul. Ils ont donc bénéficié du flux e-commerce. En revanche, c'était plus compliqué pour la livraison du dernier kilomètre en raison de la forte croissance des livraisons à domicile. Les marchands éprouvent plus de difficulté à trouver les bons partenaires. 

Quels sont les axes d'amélioration que la crise sanitaire de 2020 aura mis en lumière ?

Je pense que la croissance du e-commerce restera un sujet dans les années à venir et nous devrons être en mesure de l'absorber. L'expérience client sera aussi plus exigeante car le consommateur souhaite davantage personnaliser sa livraison. Si un relais est saturé, il veut pouvoir choisir le relais de substitution ou interagir directement avec le chauffeur s'agissant de la livraison à domicile. Enfin, je pense que les sujets RSE autour de la décarbonation, de la logistique et l'amélioration de la logistique urbaine seront des enjeux forts dans le futur. 

Diplômé de l'Edhec en 1997, Jean-Sébastien Leridon débute sa carrière dans le fret maritime et aérien comme responsable commercial chez Ducros Transit, puis chez DHL en 2000. En 2010, il rejoint l'entreprise Relais Colis en tant que directeur commercial, marketing et réseau. En 2015, il est nommé directeur général.