L’essor de l’impression 3D : quelles menaces pour les entreprises ?

Il est aujourd'hui primordial que les entreprises évaluent les retombées et menaces de l’impression 3D, comme le vol de la propriété intellectuelle et autres abus.

   

L’impression 3D – connue également sous le nom de fabrication additive ou prototypage rapide – inclut 7 dispositifs industriels différents ; ainsi, les processus traditionnels de fabrication vont être amenés à évoluer, notamment dans des secteurs clés. Grâce aux plans numériques 3D créés dans un logiciel, les produits auparavant fabriqués par des méthodes telles que l’injection dans les moules ou l’estampage de métal pourront être réalisés par le dépôt de couches régulières de matière. En effet, l’imprimante 3D – à l’aide de systèmes peu onéreux et faciles d’utilisation – permettra de concevoir des formes délicates et sophistiquées.

 

Les retombées de l’impression 3D – en matière de chiffre d’affaires et de croissance - sont susceptibles de modifier le paysage des entreprises. D’après l’étude Wohlers Report 2016, si le secteur mondial de l’impression 3D a engendré 5,2 milliards, ce chiffre est amené à quintupler (26.5 milliards de dollars) d’ici 2021. A l’aide de la création de modèles grand public d’imprimantes et de scanners 3D, il ne sera plus nécessaire d’utiliser des logiciels spécialisés ou de compétences pour réaliser des fichiers prêts à imprimer, accélérant de fait la croissante initiale de l’impression 3D.

 

Si cette technologie révolutionnaire permet de construire et de copier des objets tridimensionnels, sa nature-même conduit à des interrogations sur les possibles entorses à des marques déposées, droits de reproduction, brevets, concepts et droits à l’image. Et ces risques ne sont pas à négliger malgré certains analystes qui anticipent des retombées financières positives de cette tendance en pleine progression. De fait, selon le cabinet Gartner, l’impression 3D engendra en 2018 des pertes annuelles en matière de propriété intellectuelle à hauteur de 100 milliards de dollars.

 
Quels sont les risques inhérents au développement de l’impression 3D ?

Les principales menaces sont notamment dues à l’apparition de lieux tendance comme les « maker espaces » ou les « Fab Lab ». Ces espaces mettent à disposition des consommateurs des ateliers où ils ont la possibilité de dessiner leurs objets puis de lancer leur impression sur place. Mais les lieux physiques ne sont pas une condition sinequanone : il existe également des sites internet via lesquels les fichiers 3D peuvent être envoyés pour une impression. En outre, certains sites sont spécialisés dans le partage de fichiers – sous le couvert de l’anonymat – afin que les usagers partager des contenus numériques, particulièrement des fichiers pour imprimante 3D.

 

La menace est d’autant plus grande pour les entreprises dont les produits représentent une marque ou un habillage populaire. Entre autres, une pratique régulièrement utilisée dans les ateliers et sur les sites d’impression 3D est « l’impression » par un utilisateur un accessoire pour un téléphone portant le logo de l’appareil auquel il est voué. Ainsi la réputation de la marque risque d’être ternie, de même que la confiance des consommateurs dans la qualité des produits : en effet, les fabricants doivent se préparer à la perspective de voir apparaître des objets arborant leur marque sans pour autant que le niveau de qualité du produit soit le même que l’authentique.

Néanmoins, les risques liés à l’impression 3D ne se limitent pas à ceux exposés ci-dessus. Il existe d’autres droits de propriété intellectuelle mis en péril, dont notamment les produits soumis à un copyright ou une licence et faciles à copier, ainsi que des objets dont le principe de fonctionnement ou le design est couvert par un brevet et pour lequel la duplication pourrait se faire sans autorisation. Est également concerné le droit à l’image des célébrités dans le cadre de représentation tridimensionnelle de leur personne.

Comment se protéger ?

Le domaine de l’impression 3D et les menaces qui l’accompagnent amènent à se poser une question primordiale : comment les entreprises peuvent-elles s’en protéger ? Tout d’abord, il est primordial pour les entreprises d’assimiler les capacités offertes par cette technologie. Si elle est apparue dans les années 80, ce n’est que depuis les récentes avancées technologiques que l’impression 3D est devenue à portée de main et bon marché pour une utilisation quotidienne par des particuliers. En effet, la fourchette de prix des machines est large : de 5000 à 5 millions de dollars. Les modèles haut de gamme offrent un niveau de sophistication et de fonctionnalités sans précédent dont les entreprises doivent prendre pleinement conscience pour en mesurer l’impact.

 

En premier lieu, les entreprises peuvent instaurer une équipe dédiée à la veille et à l’exploration des principales caractéristiques de l’impression 3D afin de savoir si cette dernière peut être un avantage ou un danger pour l’entreprise, et également comment elle peut se consolider dans le secteur. Deuxièmement, il est recommandé de rechercher sur les espaces en ligne des transgressions telles que des utilisations illégales de marques et des contrefaçons. Toutefois, les droits des marques est difficile à faire respecter, notamment lorsque les faussaires privilégient l’utilisation d’imprimantes 3D miniatures.

 

Une autre solution consiste à déterminer les autres parties impliquées, tels que les responsables de l’envoi sur des sites d’échange de fichiers 3D autorisant la création de contrefaçons. En dernier recours, les marques ont la possibilité d’affronter les fabricants d’imprimantes 3D mais cette situation nécessiterait de réunir les preuves d’un encouragement ou d’une incitation à la contrefaçon.

 
Que peut-on retirer des nouveaux modèles économiques ?

Afin d’intégrer l’impression 3D dans une démarche plus dynamique, les entreprises doivent considérer ce secteur comme une opportunité d’opter pour de nouveaux modèles de distribution et de nouvelles stratégies d’encouragement. Par exemple, dans l’optique que les consommateurs impriment depuis leur propre imprimante 3D, une marque peut mettre à disposition des fichiers de conception authentiques et agréés, ainsi que des plans numériques disponibles sur une plate-forme web. Cette stratégie d’impression 3D a déjà été adoptée par de grandes marques mondiales. Si cette tactique s’avère payante,  elles pousseront d’autres marques à sauter le pas en lançant leurs propres modèles innovants de marketing et de distribution.

 

Les marketeurs ainsi que les utilisateurs doivent donc prendre conscience du profond impact qu’a la révolution 3D sur les marques, créant d’un côté de formidables opportunités mais également certaines menaces. En effet, certains produits protégés par des droits de propriété intellectuelle ou autres peuvent être reproduits et distribués sans autorisation.  Les marques doivent donc prendre en compte ce bouleversement technologique en intégrant dans leur fonctionnement une stratégie les protégeant à la fois des risques de l’impression 3D tout en tirant avantage des opportunités qu’elle permet. L’économie est vraisemblablement amenée à devenir un monde en self-service où les consommateurs pourront facilement « imprimer » leurs propres produits et où seules réussiront les marques préparées aux retombées de l’impression 3D.