Coupe du monde et paris en ligne, un duo gagnant

Il est un secteur particulièrement sensible à la vague bleue : celui des paris sportifs, et notamment les paris sur le football, lesquels représentent 70% des mises en France.

Paris sportifs, poker et turf en ligne ont été ouvert à la concurrence en 2010, sous la pression de la commission européenne qui tend à imposer même aux plus réticents (Suède, Pologne, …) la fin des monopoles nationaux. Le casino a échappé à cette dynamique en restant son statut privilégié de monopole des casinos physiques, afin de protéger la filière, qui représenterait un bassin de 45 000 emplois directs et indirects en France. Si le pari hippique et le poker connaissent des fortunes diverses depuis 2010, le pari sportif s’impose comme la locomotive du secteur. En effet l’infographie ci-dessous montre que les sommes jouées par les joueurs ont quintuplé en 8 ans, passant de près de 500 millions annuels en 2010 à plus de 2500 millions en 2018, selon ce site spécialisé.


Les joueurs sont-ils gagnants ?

Avec 690 millions d’euros sur la seule Coupe du monde, les enjeux ont atteint un record. Bien sûr le parcours brillant des Bleus a favorisé l’engouement, mais la dynamique est plus structurelle que cela.La victoire finale des Bleus n’a pas fait les affaires des bookmakers français : sur les 38 millions misés sur la finale France – Croatie, plus de 70% des parieurs avaient misés sur une victoire de la France, soit autant de gagnants. Avant cela, le parcours de l’équipe de France, victoire sans prolongations sur tous les tours à élimination directe avait déjà causé des sueurs froides aux bookmakers, dont l’angoisse est toujours de voir l’équipe nationale gagner une compétition (Euro ou Coupe du Monde).

Mais globalement, les joueurs restent perdants sur l’ensemble de la compétition, avec notamment les éliminations surprises de l’Allemagne, de l’Espagne, du Brésil ou même de l’Angleterre dans une moindre mesure. Avec une dépense moyenne annuelle de 230€ environ (en 2017), la perte moyenne des joueurs est de 40€. Ainsi, jouer en ligne s’apparente plus au loisir ruineux qu’à l’investissement réfléchi et surtout payant.

Une libéralisation excessive ?

Si dans certains pays, les pouvoirs publics cherchent à contracter le secteur, au nom de légitimes motifs sociaux, la France continue, elle, à encourager la filière, très juteuse par les taxes collectées.

Ainsi, en Angleterre ou en Italie, des restrictions partielles voire totales sur la publicité des jeux d’argent ou sur les mises maximums visent à contenir la croissance exponentielle du secteur afin de limiter les dommages collatéraux du jeu d’argent, notamment sur les plus jeunes. Au Royaume-Uni, le secteur pèse plus de 13 milliards de livres, les comportements à risque de joueurs devenant un enjeu de société.

Toutefois, malgré ces restrictions, une étude du Guardian révélait que les téléspectateurs anglais avaient été exposé à 90 minutes de publicité pour les jeux d’argent durant la Coupe du Monde, soit 17% des espaces publicitaires. Il n’est pas improbable que ce niveau d’intensité médiatique soit atteint dans les prochaines années en France, favorisant encore la dynamique observée depuis 2010.

La récente annonce du projet de privatisation de la Française des Jeux, archi-leader en France, devrait marquer un nouveau tournant dans l’évolution du secteur, forçant les opérateurs à une hyper-concurrence et à une responsabilité sociale à géométrie variable. Confrontée au calcul bénéfices / risques, il semble que la France ait choisi.