Face à Google, les applications géolocalisées peuvent encore gagner la bataille du mobile
Le nombre de recherches effectuées par les internautes sur le web depuis un ordinateur fixe ou portable a diminué en 2012, marquant un coup d’arrêt spectaculaire à une progression ininterrompue de 20% par an depuis 10 ans. L’information aurait dû marquer les esprits, elle est passée en France quasiment inaperçue !
Cette diminution est, bien sûr, à mettre en relation avec la croissance parallèle des requêtes faites depuis un smartphone ou une tablette. Et, en apparence, cette mutation
ne préjuge pas, bien au contraire, d’une redistribution des cartes dans le
business du web.
Si Google est, en effet, le point de passage
de 2/3 des requêtes effectuées via un moteur de recherche à partir d’un
ordinateur, sa part de marché atteint aujourd’hui 95 % depuis un terminal mobile !
Ces chiffres pourtant sont
trompeurs. Car les utilisateurs de mobiles ont un comportement en décalage
sinon en rupture avec les modes d’usage de l’internet qui se sont imposés avec
l’ordinateur grâce à la géolocalisation, véritable rupture technologique de ces
dernières années.
Ils ne passent pas systématiquement par des moteurs de recherche pour
aller sur internet, ils se connectent
aussi sans intermédiaire aux sites dédiés aux mobiles et aux applications qui
les intéressent.
Les chiffres sont
saisissants : ces applications – jeux, réseaux sociaux, informations,
services pratiques….- dévorent plus de
80 % du temps passé sur internet par les utilisateurs de mobile, soit plus de 2
heures par jour !
Les raisons sont principalement
ergonomiques : les utilisateurs de mobiles sont particulièrement économes
de leurs mots et leurs requêtes sont les plus brèves possibles. Et dans la
bataille entre moteurs de recherche et applications téléchargeables, celles-ci
ont, sur les smartphones, l’avantage du
terrain.
Les jeux ne sont pas faits et
Google n’a pas tardé à réagir : en lançant son système d’exploitation
mobile Androïd, en achetant de la part de marché sur l’accès à l’internet
mobile par une politique d’acquisitions, comme celle, récente, de Zagat,
l’équivalent du guide Michelin américain, et en packageant ses offres fixe et
mobile pour fidéliser les annonceurs.
Mais Google se heurte à un autre
obstacle : l’importance des requêtes- sur les bars, les restaurants, le
shopping, les loisirs …- géolocalisées, c’est à dire reliées au territoire où
se situe l’utilisateur du terminal mobile. Aujourd’hui, près des 2/3 des utilisateurs
de mobiles s’en servent pour avoir accès à un produit ou à un service là où ils
se trouvent et, pour eux, la qualité de l’information compte plus que la
quantité des réponses proposées.
Publier du contenu local sur
l’écran mobile est, de ce fait, un enjeu majeur pour les moteurs de recherche
et les fournisseurs d’applications : c’est tout aussi vrai pour les
enseignes commerciales, les grands réseaux comme les magasins de proximité.
Les outils numériques peuvent, en
effet, permettre au commerce local de rester dans le jeu avec des propositions
commerciales pertinentes et un référencement performant, à l’heure où sa
pérennité est mise en question par le développement des sites marchands.
C’est autour de ces enjeux qu’on
peut aujourd’hui bâtir en France un éco-système adapté aux besoins des
enseignes et à même de leur garantir l’efficacité d’un référencement
complémentaire de celui de Google. En effet, ce dernier n'a pas aujourd'hui
d'avantage compétitif sur les contenus locaux, par nature très diffus, qui impliquent
au quotidien un vrai travail de fourmi dans la collecte de l'information et une
proximité permanente avec les enseignes locales.
Pour répondre à cet enjeu, la
mobilisation de tous les acteurs concernés – les marques, les enseignes
nationales et locales, les acteurs des solutions de paiement, les opérateurs,
les diffuseurs d’informations locales, tout particulièrement la presse
quotidienne régionale – est indispensable pour permettre à cet écosystème
d’exister et de se développer, en surfant sur la vague de la mutation du mobile
en outil d’aide à l’achat et bientôt en terminal de paiement.
Si l’on veut que le commerce
local trouve en France une nouvelle dynamique dans l’économie numérique de
demain, si l’on veut que la France soit un acteur dans ce jeu et non un
observateur des stratégies d’acteurs extérieurs – Google, Amazon, Facebook,
Foursquare et d’autres encore - , et n’en soit progressivement réduite qu’à
bâtir des lignes Maginot fiscales pour préserver un petit espace de
souveraineté dans cette économie, le temps presse.