Mobile World Congress : la contre-attaque de Nokia, Sony et Microsoft

Depuis dimanche, environ 85.000 personnes sont réunis à Barcelone pour le Mobile World Congress – le salon annuel des télécoms – la Mecque du Mobile. Au-delà des traditionnels smartphones et autres « phablettes », la tendance cette année se concentre autour des objets connectés et des smartphones entrée de gamme.

Contrairement à Samsung avec le Galaxy S5 ou à Sony avec le Xperia Z2, Nokia a mis l’accent cette année sur les smartphones à bas prix en lançant une nouvelle gamme de smartphones sous Android. Oui, vous avez bien lu, Nokia X sous Android. Ce choix peux apparaître surprenant car il représente un tournant stratégique après le revirement vers Windows il y a 3 ans et la future acquisition par Microsoft qui doit être finalisée ce trimestre. Trois nouveaux modèles viennent d’être annoncés (dont deux modèles le X et le XL seront commercialisés en France au deuxième trimestre) avec un prix de vente débutant à 89 euros pour rivaliser avec les produits chinois tournant pour la plupart sous Android.

Je pense que le lancement de Nokia X sous Android va permettre à Nokia de rester compétitif sur le marché des smartphones entrée de gamme notamment dans les pays émergents où la marque Nokia reste très forte.  C’est une approche réaliste et intelligente qui permettra surtout de créer une relation directe avec le consommateur final à travers des services et des apps de Nokia et Microsoft.
De nombreux terminaux Android low-cost sont vendus sans les services Google et l’émergence de services Android propriétaires comme le Kindle d’Amazon ou Nokia X pourrait venir contrarier les plans de Google pour monétiser son audience Android. En revanche, sur le milieu et le haut de gamme, Microsoft va rapidement devoir gagner de la part de marché pour atteindre une masse critique. L'absence de nouveaux terminaux Lumia à Barcelone n'est pas un signe très encourageant. Sur certains marchés dont la France, Microsoft a une part de marché nette (sur les nouvelles acquisitions de smartphones) de plus de 10 %, mais ce n’est pas encore suffisant au niveau mondial pour atteindre une audience naturellement suffisante pour les développeurs et les marques.
Samsung a orchestré le lancement de son dernier téléphone – le Galaxy S5 – qui concentre les dernières nouveautés rencontrées chez ses concurrents. Il est capable de reconnaitre les empreintes digitales comme l’iPhone 5S, il résiste à l’eau et à la poussière (un créneau jusque-là occupé par Sony), il dispose d’un capteur de 16 millions de pixels et d’un meilleur autofocus. Il est plus rapide et offre une meilleure gestion de la batterie. Bref, il dispose de tous les atouts pour bien se vendre avec un support marketing important et continuer la success-story des ventes de Galaxy S (plus de 200 millions de terminaux vendus à ce jour). Pourtant, en tant que leader, il est dommage que Samsung n’ait pas davantage offert de services et de contenus – au-delà des spécifications impressionnantes de l’appareil. Le plus intéressant et le plus différentiant est le positionnement fitness – le S5 est le premier smartphone disposant d’un capteur mesurant le rythme cardiaque – et les services associés de santé qui peuvent être associés aux nouvelles montres connectées (Samsung Gear 2 et Gear 2 Neo) et le bracelet Gear Fit 2. Je pense qu’Apple sera en position de davantage différencier l’expérience utilisateur dans ce domaine grâce à son savoir-faire logiciel et à la meilleur intégration du hardware avec l’écosystème iOS.
Sony pour sa part accélère le rythme d’innovation avec de nouveaux modèles tous les six mois – notamment le Z2 qui permet de tourner des vidéos en ultra-haute définition. Les autres marques ne sont pas en reste – notamment Huawei, Lenovo, ZTE ou LG qui ont toutes ou presque lancés de nouveaux terminaux et surtout un grand nombre de montres ou d’objets connectés – le nouveau relais de croissance des industriels du secteur.

Le mobile est un enjeu crucial pour tous les acteurs du marché

C'est devenu le principal point de contact avec les consommateurs, en particulier dans les pays émergents. C'est la raison pour laquelle, couplé au besoin de maintenir la récurrence d'usage et l'engagement, un Facebook a dépensé la somme astronomique de 19 milliards de dollars pour WhatsApp. Le mobile va redéfinir la concurrence entre les mastodontes Internet dans les mois et années un avenir - l'enjeu principal devient de fournir une plate-forme digitale qui permette de créer de nouvelles expériences et de nouveaux services au-delà des spécifications hardware du téléphone.
C'est la raison de la bataille des OS. Y-a-t-il la place pour un troisième OS. Oui, très certainement. Est-ce que cela peut-être Firefox ? Pour l'instant je crois que Firefox est le plus proche de l'état d'esprit des développeurs et offre des outils très adaptés aux développeurs Web. La question est celle de la masse critique, et malgré le soutien de certains opérateurs ravis de briser le duopole Google/Apple et des smartphones à des prix défiant toute concurrence, l'écosystème n'est pas encore en place.
J'ignore les fonctionnalités du Galaxy S5 annoncé ce soir mais je pense qu'il faut davantage de logiciels, de services et de contenus - et pas que des spécifications hardware sur la puissance du terminal ou la résolution de l''écran. C'est toute la différence avec Apple. Samsung ne propose pas de plate-forme digitale. Tizen arrive trop tard sur le marché des smartphones mais a une carte à jouer sur tous les nouveaux terminaux connectés (montres, bracelets, caméras...) où le marché est encore ouvert.