Pourquoi le français Happn va ringardiser Tinder

Pourquoi le français Happn va ringardiser Tinder La nouvelle appli de dating à la mode met la géolocalisation au coeur de l'expérience utilisateur et... a déjà un business model bien rôdé.

Que vous soyez à la recherche de l'âme sœur ou à l'affût de la dernière application tendance, vous avez sans doute intérêt à oublier Tinder et vous pencher d'un peu plus près sur Happn. Cette application de rencontres est effectivement en train de ringardiser Tinder, le pourtant pas très vieux service de matching développé par la filiale d'IAC. Derrière le service qui fait frémir tout ce que Paris, New-York, Berlin et Londres comptent d'artistes, pubards et autres early adopters, on ne retrouve pas deux barbus de San Francisco mais deux jeunes frères Français, Fabien et Antony Cohen, et... un vétéran du Web, Didier Rappaport, l'ancien COO de Dailymotion. 

Une version geek de la rubrique "Transports amoureux" de Libération

Là où Tinder joue à fond la carte de la gamification de la drague en ne présentant qu'un profil d'utilisateur à la fois, qu'il faut liker ou non, Happn aspire à ancrer un peu plus les mises en relation dans le réel. Il place ainsi la géolocalisation au cœur de l'expérience utilisateur. "A l'origine, l'application répond à ce fantasme intergénérationnel qu'est la possibilité de retrouver des personnes dont on aurait croisé le regard dans la rue ou dans le bus, sans toutefois oser les aborder", explique d'ailleurs Didier Rappaport, le PDG d'Happn. En bref, une version 2.0 de la rubrique "Transports amoureux" de Libération.

happn bis
La timeline Happn. © Joachim Rappaport

Soucieuse de "faire reposer l'expérience de la rencontre sur du concret", l'application répertorie tous les utilisateurs situés dans un rayon plus ou moins resserré. Et renseigne le moment et l'endroit où l'on a croisé chacun d'entre eux. Elle se charge ensuite de remonter les profils les plus proches et ceux rencontrés le plus souvent. Un travail de curation qui permet de remédier à deux lacunes des applications concurrentes existantes : la présence en masse de faux profils et les fastidieuses séances de recherche du profil idéal. Une fonctionnalité qui permet de faire vivre le flux de l'utilisateur au gré de ses déplacements et le régénérer en permanence donc.

Bien sûr, Happn ne s'est pas décidé à tout réinventer. Le système de matching popularisé par Tinder, qui permet de mettre en relation deux utilisateurs uniquement lorsque l'intérêt est mutuel, est ainsi présent et permet de décomplexer l'utilisation du service. Mieux, là où Tinder semble bien en peine de trouver un business model, Happn a déjà jeté les bases de la monétisation de son service. Lors de l'inscription, l'utilisateur bénéficie ainsi de 10 crédits qui lui permettent de "charmer" un autre utilisateur lorsque son match est resté sans réponse (en bref lui faire part de son intérêt). Crédits qu'il peut récupérer en recrutant de nouveaux utilisateurs mais aussi en déboursant quelques euros (d'1,79 euro pour 10 crédits jusqu'à 27,99 euros pour 300 crédits). S'il reste discret sur le pourcentage d'utilisateurs payants, Didier Rappaport assure que "cela marche très bien". Sans surprises, le PDG d'Happn lorgne également du côté des contenus natifs et imagine déjà, à l'instar de Snapchat, donner la possibilité aux marques de communiquer avec leurs utilisateurs. "Dès lors que ces derniers en retirent un bénéfice", précise-t-il soucieux sans doute de ne pas trop dénaturer l'expérience utilisateur. 

1 million d'utilisateurs en novembre

La barrière du million d'utilisateurs dans le monde sera franchi en novembre, 8 mois après le lancement du service qui compte aujourd'hui près de 150 000 utilisateurs actifs quotidiens et se lance dans une nouvelle grosse ville environ toutes les trois semaines. Ont déjà été "colonisées" Londres (le premier marché), Paris, Berlin, Barcelone, Madrid, avec toujours la même méthode : un réseau d'utilisateurs ambassadeurs, de l'achat média sur les réseaux sociaux et beaucoup de retombées presses du côté des médias locaux les plus prescripteurs. Happn qui s'appuie "pour le moment" sur 20 collaborateurs ambitionne d'être "présent dans les principales villes mondiales d'ici janvier 2016", nous confesse Didier Rappaport. Il pourra dans cette perspective s'appuyer sur une première levée d'amorçage déjà réalisée auprès du fonds Alven Capital.