La logistique en demande de multiconnectivité IoT

La logistique en demande de multiconnectivité IoT Pour tracer leurs biens de manière continue de la fabrication à la livraison, en passant par le stockage, les services de supply chain doivent faire appel à différents réseaux.

Un système ouvert standardisé pour effectuer un inventaire des biens à chaque étape de leur chaîne de transport. Telle est l'offre que va présenter le fournisseur suédois Wirepas lors du salon Embedded World, du 25 au 27 février à Nuremberg, et qui sera disponible à partir du premier trimestre 2020. Concrètement, le protocole radio permettra à un objet connecté de passer d'un réseau IoT à l'autre et, d'autre part, des API ouvertes aux partenaires garantiront le partage des informations sur le cloud. "Les acteurs ont besoin d'avoir une vision sur toute la chaîne de transport et la connectivité sera forcément différente selon l'usage : pour le tracking en mer il faut du satellite, pour le transport en camion, du cellulaire, en entrepôt les réseaux bas débit LPWAN sont privilégiés, tandis que la RFID ou le mesh sont plus avantageux au niveau de l'objet individuel", explique Youssef Kamel, SVP ecosystem partners chez Wirepas.

"Jusqu'à présent, il y avait une demande de tracking distincte entre le transport, l'emballage ou le produit. Aujourd'hui, on observe une volonté de convergence", rapporte Olivier Guilbaud, président et fondateur d'Ineo-Sense, une start-up nîmoise spécialisée dans la conception de systèmes IoT industriels. Une volonté grandissante en raison des besoins en traçabilité. "Les maisons de luxe avec lesquelles nous travaillons souhaitent savoir où sont leurs produits, en combien de temps ils peuvent transiter entre deux entrepôts et s'ils ont passé les contrôles qualité au bon endroit. La traçabilité de bout en bout leur permet de certifier leurs produits", témoigne Estelle Huynh, VP product chez l'éditeur Mojix avant d'ajouter : "Nous comptons intégrer des technologies autres que la RFID sur notre plateforme car la multiconnectivité est la suite logique des choses." L'optimisation des processus est également un facteur de ROI.

Le tracking est par ailleurs un atout dans les démarches RSE. "De plus en plus d'entreprise veulent mesurer précisément leur empreinte carbone, un suivi de bout en bout de leur chaîne logistique permet de répondre à cette exigence", note Ouassim Driouchi, senior manager chez le cabinet de conseil BearingPoint.

La solution la plus économique pour mettre en place une multiconnectivité consiste à agréger les réseaux sur une plateforme IoT, c'est-à-dire les réunir au niveau logiciel plutôt que hardware, selon Olivier Guilbaud, d'Ineo-Sense. "Aujourd'hui, les intégrateurs peuvent faire l'un ou l'autre au cas par cas, mais ce sont des solutions non réplicables donc coûteuses", souligne Youssef Kamel chez Wirepas.

Sigfox décline son réseau à différents niveaux

Utiliser plusieurs connectivités implique une collaboration avec divers opérateurs. Pour rester le seul interlocuteur des entreprises, Sigfox travaille de son côté sur la déclinaison de son réseau afin de l'appliquer à des usages variés. L'opérateur va proposer à la fois un réseau IoT satellitaire avec Eutelsat pour le tracking maritime, son réseau LPWAN mais aussi des mini-émetteurs de faible puissance pour des usages en entrepôt proches de la RFID. "Nous élaborons un plan de continuité de couverture pour qu'il n'y ait aucune rupture selon les besoins", résumé Christophe Fourtet, directeur technique et cofondateur de Sigfox.

Le principal frein dans la mise en place d'un suivi en multiconnectivité tient dans la multitude de partenaires impliqués en logistique. "Aux Etats-Unis, l'un de nos clients traite avec plus de dix transporteurs différents pour l'acheminement de ses produits", confie Youssef Kamel chez Wirepas.

Autre défi, traquer chaque produit pose la question en entrepôt d'un nombre élevé d'objets connectés dans un périmètre restreint. C'est ce qui a poussé Sigfox à lancer son offre de réseau privé en novembre 2019 pour fournir le nombre d'antennes adéquat, tandis que Wirepas développe son réseau mesh pour détecter plus de 1 500 objets connectés au mètre cube, et doubler cette capacité à l'avenir. "Ajouter à partir de 2023 une connectivité 5G en indoor pourrait apporter une réponse à la densité des objets", soulève Ouassim Driouchi chez BearingPoint. Les opérateurs télécoms mettent en effet en avant la 5G pour la massification de l'IoT.