Projets IoT : comment passer à l'échelle après le Covid-19 ?

Projets IoT : comment passer à l'échelle après le Covid-19 ? Trouver les bons usages et des solutions robustes sont les deux principaux critères pour déployer rapidement des objets connectés.

La crise du coronavirus a mis en avant la valeur de l'IoT dans l'industrie. La technologie a permis l'automatisation et la vision à distance nécessaire à une bonne continuité de service. Résultat, Siemens compte désormais de nombreux clients voulant déployer des solutions IoT mais qui restent confrontés au passage à l'échelle. "Ceux qui déploient en masse des objets connectés nous demandent comment ils peuvent être sûrs que leur solution s'inscrive dans le temps", rapporte Thierry Obede, responsable du développement commercial des solutions IoT chez l'éditeur Siemens Digital Industries Software. Un constat similaire est dressé par l'opérateur IoT Jaguar Network : "Quel que soit leur métier, tous nos clients veulent connecter leur matériel mais ils ne savent pas comment s'y prendre car le sujet est trop éloigné de leur savoir-faire", confie Kevin Polizzi, le CEO.

L'intégrateur Spie France a été confronté à cette difficulté. "Nous avons mené différents POC qui ont eu des résultats tangibles et se sont avérés efficaces en cette période de crise mais tout l'enjeu est dans la duplicabilité", annonce Corinne Figuereo, directrice de l'innovation et de la transformation au sein de Spie France. Une difficulté que Siemens Digital Industries Software explique par la sous-évaluation des problématiques autour de la connectivité et de la modélisation de données. "Déployer quelques capteurs dans une usine n'est pas la même chose que des milliers sur un ensemble de sites. Les problématiques techniques, de sécurité ou de gestion d'applications sont différents", complète Thierry Obede.

Pour Spie France, la meilleure solution pour réussir le passage à l'échelle est d'identifier les bons usages et faire échanger les bonnes personnes ensemble. Pour cela, l'entreprise vient de lancer, dans le cadre de son partenariat avec l'école Insa, une plateforme exploratoire. Son objectif, mettre en relation ses techniciens avec des partenaires, des experts, des chercheurs et des étudiants pour favoriser les confrontations d'idées autour des usages de la smart city et du smart building. "Ces échanges contribuent par ailleurs à la conduite du changement car les personnes sur le terrain ne sont pas toujours familières du digital. Il leur faut s'approprier le sujet de la donnée", explique Corinne Figuereo.

Un label pour l'industrialisation des solutions IoT

"Il ne faut pas avoir une approche locale mais globale. L'erreur en terme de coût, de perte de temps et d'énergie est de réinventer la roue pour chaque problème alors que les entreprises ont souvent une problématique identique, mais qui s'applique à des machines, des processus ou des sites différents. Il leur faut au contraire réfléchir à une optimisation commune", affirme Thierry Obede, de Siemens Digital Industries Software.

Le deuxième critère détecté par Spie France est l'utilisation de solutions robustes et évolutives qui justifient rapidement d'un retour sur investissement. "Les entreprises, en particulier les intégrateurs comme Spie France, ont besoin de partenaires sur le long-terme. Or, le problème de l'IoT est d'avoir été développé par des start-up non-pérennes", souligne Yanis Cottard, président du fabricant français Altyor, qui assure à ses clients la durabilité des composants. Pour Thierry Obede, de Siemens Digital Industries Software, les solutions pré-configurées vont ainsi tirer leur épingle du jeu par leur rapidité de mise en œuvre : "Avant la crise, les entreprises avaient le temps d'observer ce qui se faisait sur le marché. Désormais, leur priorité est d'aller vite et en volume, compte tenu de la pression économique engendrée par la pandémie."

Pour faire face à "l'offre éparse" sur le marché, le cluster Medinsoft, présidé par Kevin Polizzi, CEO de Jaguar Network, présentera fin juin un label nommé IoT Alliance répertoriant un catalogue de solutions françaises abouties avec des volumes suffisamment importants pour permettre une "pré-industrialisation". "Nous comptons une trentaine de partenaires certifiés par le label. Des intégrateurs, des éditeurs, des fabricants IoT, des opérateurs télécoms… Nous espérons en avoir très vite une soixantaine", précise Kevin Polizzi, qui se réjouit d'avoir créé le projet pendant le confinement. Avec ce label, qui s'appuie sur la plateforme IoT Stellar de Jaguar Network, Medinsoft a dès à présent été présélectionné à un appel à projet de la région Sud et de la métropole Aix-Marseille-Provence afin de développer rapidement des solutions de smart cities sur le territoire.