Avec ses jumeaux numériques, Cosmo Tech analyse l'obsolescence des robots

Avec ses jumeaux numériques, Cosmo Tech analyse l'obsolescence des robots L'entreprise française promet d'aider ses clients à prioriser leurs investissements pour éviter les pannes sur leur parc de robots industriels.

30% des robots industriels dans le monde sont obsolescents, selon les estimations du français Cosmo Tech, qui développe des jumeaux numériques pour l'analyse de l'obsolescence des actifs, alors que sa solution se cantonnait jusque-là au secteur de l'énergie. "Les industriels savent qu'une partie de leur parc de robots est obsolète mais pas quel coût cela représente, quelles pièces remplacer en premier, s'ils doivent maintenir des compétences en interne sur la maintenance d'appareils voués à être changer, etc. C'est un sujet complexe car il faut prendre en compte l'ensemble des paramètres pour prendre des décisions optimales", explique Michel Morvan, cofondateur et président de Cosmo Tech.

Avec la crise du coronavirus, qui oblige les industriels à prioriser leurs investissements, ce sujet est voué à "prendre de l'importance", estime le dirigeant, dont les équipes ont consacré deux mois à adapter les jumeaux numériques à ce nouvel usage. Cosmo Tech promet être en mesure d'identifier de vrais effets de levier pour ses clients.

L'entreprise a testé cet usage pour le compte de Renault : plus de 5 000 assets sont analysés depuis le début de l'année dans huit usines situées en France, Espagne et Slovénie. Concrètement, Cosmo Tech a rassemblé sur sa plateforme plusieurs données sur les robots, comme leur localisation, leur cycle de vie, le prix de la maintenance, etc. Une fois les actifs modélisés, un scénario de base est enregistré, avec un certain nombre de pannes sur une durée donnée, ainsi que les coûts et la baisse de productivité qui en découlent. A partir de là, d'autres scénarii sont simulés par les jumeaux numériques, prenant en compte l'investissement sur la formation ou encore les renégociations sur les contrats de pièces détachées. "Il faut prendre en compte les actifs et leurs sous-parties, les ressources humaines et les compétences à développer, les différentes usines… Beaucoup d'entreprises estiment ces évaluations compliquées mais la technologie le permet", assure Michel Morvan.  

Plus de 30 scénarii modélisés

"Renault faisait jusqu'à présent des hypothèses de vieillissement quant à son parc de robots et décidait des investissements en conséquences, raconte Michel Morvan. Or, l'entreprise ne savait pas si ses hypothèses étaient vraies. Nos jumeaux numériques lui permettent d'anticiper, pour chaque hypothèse émise, les conséquences sur l'opex et le capex, et d'adopter la stratégie qui assure une robustesse pour qu'il puisse fonctionner en toute circonstance." Au total, plus de 30 scénarii ont été modélisés. "Nous sommes parvenus à un gain de 30% par rapport aux dépenses envisagées, qui étaient de 10 millions d'euros sur vingt ans", indique Michel Morvan. La prochaine étape pour Cosmo Tech, après cet essai au niveau régional chez Renault, sera de modéliser les usines du groupe une à une pour affiner le niveau d'analyse.

Dans le processus de simulation de Cosmo Tech, l'IoT tient un rôle essentiel pour améliorer la prédiction, grâce à la multitude de données remontées sur l'état des appareils. "Il n'est pas nécessaire pour l'industriel d'avoir déployé un projet IoT mais c'est un plus. Au lieu de s'appuyer sur les courbes de vieillissement théoriques des constructeurs, les objets connectés donnent une visibilité précise de l'état des machines", souligne Michel Morvan, pour qui la simulation est un moyen de tirer de la valeur du projet IoT. "Nos outils garantissent un retour sur investissement sur l'IoT", ajoute-t-il.

Cosmo Tech vient de lancer un projet similaire sur l'obsolescence des actifs avec un nouvel acteur de l'énergie. "Quel que soit le secteur, les industriels ont les mêmes problématiques, à savoir comment faire converger les technologies pour gérer l'ensemble de la supply chain", observe-t-il. Avec ses jumeaux numériques, les industriels peuvent aussi aller plus loin que la gestion de leur parc de robots en modélisant les conséquences d'une relocalisation d'usines, une question que certains clients de Cosmo Tech se posent depuis la crise du coronavirus.