Luca Ascani (Populis) "Nous avons 20 millions d'euros de réserve pour des acquisitions"

Le PDG de Populis, anciennement GoAdv, fait le point sur ses ambitions de croissance, en particulier dans la production de contenus à la demande.

Populis s'oriente vers la production de contenus à la demande. Pourquoi ce changement stratégique ?

Ce n'est pas un véritable changement stratégique, mais plutôt une évolution. Nous avons toujours créé des sites verticaux spécialisés, notamment des guides d'achat. Nous disposons de 600 sites, qui ne sont pas en régie mais qui nous appartiennent directement. Au fil du temps nous avons constaté le poids grandissant des moteurs de recherche dans l'accès à l'information. Aujourd'hui, ce poids représente 60 à 65 % de l'information consommée. Ce constat nous a poussé à nous lancer dans les contenus à la demande. Aujourd'hui, Populis est leader dans ce domaine en Europe.

Cette "évolution" concerne-t-elle tous les pays où vous êtes présent ?

Oui. Elle s'applique principalement à notre portail de divertissement Excite, à notre réseau de guides d'achat Better Deals et à notre réseau de blogs Nanopublishing. Notre offre à la demande est disponible en sept langues sur tous nos marchés.

Votre ambition est-elle de devenir le Demand Media européen ?

Le succès de Demand Media nous a bien sûr inspiré. Mais nous avons de grandes différences avec eux. Par exemple, nous mélangeons les contenus décidés par un algorithme et ceux choisis et produits par des blogueurs professionnels. Ces blogueurs publient 30 % de nos contenus. Notre modèle serait plutôt Seed.com, d'AOL.

"Contrairement à Demand Media, nous avons une stratégie de niche"

Vous faites donc cohabiter le contenu à la demande et le contenu de blogs plus traditionnel ?

Oui et parfois sur un même site. Cela dépend de la façon dont l'internaute consomme l'information. S'il arrive sur un blog directement par l'URL, alors il accède aux billets du blogueur. Si en revanche il visite le site après avoir entré une requête dans un moteur de recherche, nous lui proposons du contenu spécifique qui peut avoir été produit par les rédacteurs à la demande.

Quels types de contenus produisez-vous ?

Nous ne faisons ni d'actualité chaude, ni de contenus pratiques type "how to". Nous misons sur des contenus à durée de vie longue comme des conseils ou des guides de voyage. Cela nous différencie d'ailleurs de Demand Media, dont une grande partie du trafic vient de leur site eHow. Chez Populis, le trafic est réparti plus équitablement sur nos 600 sites. C'est une stratégie de niche.


Les contenus produits à la demande sont souvent associés à une qualité très moyenne. Comment faites-vous pour améliorer cette qualité ?

On peut toujours faire mieux, c'est vrai. Pour évaluer la qualité des articles, nous analysons certains critères comme le temps passé par un internaute ou la durée de vie de l'article. Nous faisons aussi de la relecture et de la correction quand cela est nécessaire. Et puis nous nous refusons à traduire ces contenus. Chaque article est unique. Ce souci de qualité explique aussi pourquoi nous rachetons des blogs, dont les billets sont souvent d'un meilleur niveau.

Les sujets des articles de Demand Media sont déterminés en fonction des requêtes des internautes dans les moteurs de recherche. Les vôtres aussi ?

Oui, nous avons développé un algorithme pour cela. Nous possédons une base de 16 millions de mots-clés, que nous analysons en permanence. Pour savoir si un sujet d'article doit être proposé sur notre place de marché, nous prenons en compte bien sûr les requêtes des internautes sur les principaux moteurs de recherche, mais aussi des critères comme le prix des mots-clés, la concurrence éventuelle ou l'historique des requêtes.

"20 millions d'euros en réserve pour des acquisitions"

Rémunérez-vous les auteurs ?

Evidemment ! En fonction de la qualité de la production. Celle-ci est évaluée à partir du nombre de fois où l'article a été lu, du temps passé par les lecteurs, du partage éventuel à des amis... Le tarif proposé est fixe, mais peut augmenter en fonction de la qualité.

Comment Populis se rémunère-t-il ?

Nos revenus proviennent de la publicité. A commencer par les liens sponsorisés de Google, Yahoo, Ask et d'autres. Nous nous rémunérons aussi grâce à l'affiliation et en passant par des régies pour afficher des bannières publicitaires.  

Vous venez de racheter la société italienne Blogo pour 6 millions d'euros. Allez-vous poursuivre votre croissance externe ?

Oui. Nous avons encore 20 millions d'euros de réserve disponible pour des acquisitions. Nous regardons toujours des sociétés à racheter. Cela peut être dans les blogs professionnels. Mais en France il n'y en a pas beaucoup. Nous restons en éveil notamment en France, en Allemagne et en Amérique du Sud.

En France, quelle est votre présence ?

L'offre de Populis en français regroupe actuellement le portail Excite.fr, le guide d'achat Meilleures-Offres.fr, quatre blogs thématiques du réseau Nanopublishing, trois blogs francophones de Blogo, et Crédit.fr, que nous avons racheté début 2010.