Les liseuses représentent-elles un marché pour la presse ?
80 000 titres numériques disponibles sur 600 000 références papiers, 0,3% du chiffre d’affaires de l’édition, 1,1 million de livres numériques payants téléchargés, ce segment a représenté en France 12 millions d’euros de CA en 2011 selon Gfk Consumer Choices.
Cette tendance devrait s’accélérer; ce marché pourrait atteindre 55 millions d’euros de CA en 2015, avec une croissance envisagée de près de 80% cette année avec 21 millions d’euros de CA en 2012 !
Même s’il ne concernerait que 5 % du lectorat français, on voit depuis
quelques mois ce marché se réveiller. Cela est induit par l’arrivée de
nouveaux terminaux, la mise en œuvre de règlementations, l’émergence de
formats standards, la croissance importante de l’offre mais aussi du
nombre de distributeurs.
Selon Opinion Way,
la cible des liseuses numériques est masculine (58% d’hommes), jeune
(53% de moins de 35 ans), urbaine et aisée (49% de CSP+) comparée à la
moyenne des consommateurs français. Selon la même étude ils seraient de
gros consommateurs de livres avec plus de 20 livres papier lus par an
pour plus d’1/4 d’entre eux.
Selon les tendances que dégagent cette étude, l’accès au format
numérique ferait qu’ils lisent plus mais dépensent moins même s’ils
continuent en moyenne d’acheter plus de livre papier que de livres
numériques. Ils sont 42% à ne télécharger que des livres gratuits, 20% à
avoir au moins une fois piraté un livre et l’immense majorité des
livres achetés coûtent moins de 8 euros. L’argument « prix » semble
décisif dans cette phase d’amorçage du marché, ils sont 43% à mettre cet
argument en avant. Rappelons qu’en France un prix unique est garanti par la loi pour
l’édition numérique d’un livre depuis novembre 2011 ce qui contribue à
rassurer les éditeurs français mais ce qui freine considérablement le
développement de ce marché. Le prix d’un livre numérique en France est
en moyenne 30% moins cher qu’en format papier. Aux US aucune
règlementation ne régule le marché !
Enfin, le « nomadisme » (facilités de stockage et de transport) semble une motivation aussi importante, elle concerne 35% des interrogés.
Plus surprenant seulement 18% des consommateurs de livre électronique
sont équipés de liseuse. Les autres consomment leurs ebooks sur des
tablettes numériques, ils sont 23% à en posséder une, ou sur un PC
portable pour 81% d’entre eux. En terme de comportement intéressant à
noter, plus de deux lecteurs sur trois (70%) téléchargent le livre
directement sur le support de lecture (absence de kiosque ou d’offre
multiplateforme ?).
Même si aujourd’hui les ordinateurs demeurent les supports
privilégiés pour la lecture numérique, cette prédominance est toutefois
remise en cause par les smartphones, les tablettes et les liseuses dont
le taux de pénétration est très supérieur à celui des portables ou des PC
domestiques nous en parlions ici. « L’offre
de liseuses à encre électronique s’est étoffée ces derniers mois et les
ventes ont suivi, passant de 27 000 unités en 2010 à 145 000 en 2011,
avec une prévision pour 2012 de 300 000″ (Source l’Expansion).
Les formats les plus répandus en matière d’ebook vont de l’historique
PDF, en passant par des formats plus récents comme l’epub ou des
formats propriétaires comme AZW ou mobipocket. Ces formats peuvent être
produits à partir de suites bureautiques comme open office ou microsoft
office, à partir d’outils de PAO comme indesign ou calibre, à partir de
bibliothèques de langages informatiques comme php ou java ou encore via
des webservices d’import comme ceux de la bibliothèque d’Amazon.
Tout cela me pousse à conclure que ce marché est entrain de se
structurer et qu’il devient tout aussi intéressant à adresser pour la
presse que celui des tablettes.