Start-up à suivre : Modern Meadow veut fabriquer des steaks avec une imprimante 3D

Start-up à suivre : Modern Meadow veut fabriquer des steaks avec une imprimante 3D Dans le cadre de sa série de rentrée, le JDN vous présente dix start-up originales et disruptives. Aujourd'hui, Modern Meadow utilise le bio-printing pour fabriquer de la viande comestible et du cuir plus beau que nature.

Un nouveau champ médical s'est ouvert avec la fabrication en laboratoire de tissus et d'organes capables d'imiter, de restaurer ou d'améliorer certaines fonctions corporelles. Cette technologie est basée sur le "bio-printing", l'assemblage en 3D de tissus contrôlé par ordinateur. Un procédé que plusieurs scientifiques spécialisés ont décidé d'exploiter à d'autres fins au sein de leur start-up Modern Meadow. Leur objectif : produire de la viande comestible à partir de cellules musculaires.

Avec les méthodes traditionnelles d'élevage, pour produire un steak de 110 grammes, il faut 3kg de céréales, 7 mètres carrés de terrain où les faire pousser, 200 litres d'eau, 300kWh d'énergie et l'équivalent de 6kg de CO2 dégagés. La croissance de la population ainsi que celle des classes moyennes fait exploser la consommation de viande et puisent d'autant dans les ressources de la planète. D'où l'intérêt de protéines animales de bonne qualité fabriquées selon des méthodes alternatives, d'après Modern Meadow. Qui se targue de nécessiter 99% de terrain en moins, 96% d'eau en moins et 45% d'énergie en moins, de produire 96% de gaz à effet de serre en moins, d'éviter tout risque de maladie animale et de ne faire mal à aucun animal. Bref, une alternative sûre, durable, économique et éthique à l'élevage industriel. Et une possibilité de disposer de viande dans les régions inhospitalières de la planète... comme dans l'espace.

Une nouvelle orientation : le cuir

Modern Meadow, qui travaille avec des chefs professionnels pour créer de premiers échantillons de viande de haute qualité, s'est également lancé dans la fabrication de cuir, en impliquant cette fois des artistes et des designers. La jeune pousse newyorkaise, qui a levé 10 millions de dollars en juin auprès du milliardaire hongkongais Li Ka-shing, a en effet décidé de mettre à profit cet apport de capitaux pour commencer à produire un "cuir de culture" qui arrivera sur le marché dans deux ou trois ans.

Car si Modern Meadow a déjà présenté cette année des échantillons de "steak en chips" lors de l'événement SXSW, c'est finalement son cuir qui sera commercialisé le premier. Un cuir qui se tiendrait bien mieux que la plupart des faux cuirs, fabriqués à partir de dérivés du pétrole, et exempt de défauts et de tâches à l'inverse du vrai cuir. Apte, donc, à convaincre les créateurs de mode et fabricants de biens en cuir de ne pas faire payer aux animaux le prix d'une demande en forte hausse. Actuellement, la start-up a besoin d'un mois et demi environ pour produire une surface de 30cm sur 30 de cuir. A comparer avec 2 à 3 ans pour obtenir, nourrir, soigner et faire grandir un animal. Mais son tour de table va lui permettre d'étoffer son équipe de 10 personnes, de déménager dans des locaux et laboratoires plus grands à Brooklyn et de commencer à produire de petits lots de cuir pour une poignée de créateurs de mode partenaires.

Le jour où l'on dégustera un tournedos Rossini bio-printé et sa poêlée de girolles n'est donc pas encore tout-à-fait arrivé. Le marché y croit néanmoins, puisque Modern Meadow, qui compte également Sequoia Capital, Artis Ventures, Iconiq et Breakout Labs à son capital, est depuis cet été valorisé 60 millions de dollars.