Quand l’open data irriguera l’économie

A quand le grand soir de l'opendata ? C'est en cours !

La France 4ème !

L’opendata a fait ces dernières années de grands progrès en France, de très grands progrès même. Les meilleures récompenses étant celles qu’on reçoit plus que celles qu’on se donne, nous avons été particulièrement heureux d’apprendre en janvier dernier que la France venait de gagner 6 places au classement mondial des "nations opendata" et pointait désormais à la 4ème place d’un baromètre mondial organisé par la World Wide Web Foundation. Rappelons que le mouvement opendata est très jeune et les progrès sont aussi impressionnants que récents : il y a seulement 4 ans en décembre 2011 c’est François Fillon qui inaugurait l’entrepôt des données publiques avec la création de la mission Etalab et la mise en place du site data.gouv.fr.En mode start-up, la première équipe d’Etalab évangélise l’open data auprès de l’administration publique, libère les premiers jeux de données et donne l’impulsion nécessaire. Quelques mois plus tard, avec la nomination d’Henri Verdier, on change de braquet, de logique et même de carte-mère. Les équipes sont renouvelées, et le portail repensé autour d’une idée centrale : on ne peut dissocier les données publiques de leur réutilisation. La véritable valeur ajoutée de l’open data c’est l’usage qui en sera fait, produit, mis dans les mains des citoyens et des acteurs économiques. 

Le cœur de l’open data : la réutilisation

C’est la raison pour laquelle le portail public data.gouv.fr s’est construit autour de cette logique martelée comme un motto notamment dès la page d’accueil de data.gouv.fr  “Partagez, améliorez et réutilisez les données publiques”. Il ne s’agit pas d’ouvrir les données pour les ouvrir, mais d’ouvrir pour partager, de dévoiler pour expérimenter, de diffuser pour réutiliser. Tout est fait pour stimuler, réunir, partager, faire vivre les données comme en témoigne le programme Dataconnexions 5 ou le dernier hackathon relatif aux données de santé.
L’un des derniers obstacles, (le dernier ?) qui fera sans doute entrer l’open data dans une phase “industrielle”, c’est la capacité qu’auront tous acteurs de l’économie à exploiter quotidiennement, massivement des données publiques libres et gratuites.
Ces données sont en cours de libération et leur accès est plus ou moins compliqué. Depuis octobre par exemple l’INPI a mis à disposition 4,2M de documents relatifs aux marques, brevets, dessins et modèles. Ces données nous les avons déjà intégrées à notre outil C-Radar : notre base de données entreprise est désormais enrichie de toutes les marques et tous les brevets détenus par une entreprise.
Et d’autres données devraient suivre même si certains freinent leur libération : parmi celles-ci les données financières des entreprises, données qui sont dans d’autres pays déjà libres et accessibles (tout prêt de nous en Belgique par exemple). Mais on pense également aux données météo, géographiques, aux annonces d’emploi de Pôle Emploi... Les avancées de l’open data remettent en cause des rentes et les modèles économiques de certaines structures pour des gains qui restent difficiles à estimer. 

Si tu ne viens pas à l’open data, l’open data viendra à toi ! 

Certains éditeurs de ces données publiques ont bien compris le risque à rester figés dans leur modèle. Maurice Lévy le patron de Publicis a évoqué le danger qui pèse désormais sur tous les acteurs de l’économie trop immobiles : ils risquent “de se faire UBERiser”. Et on peut “se faire uberiser” de plusieurs manières : les clients fatigués de passer par des monopoles s’organisent pour crowdsourcer les données dont ils ont besoin, ou bien des fuites massives de données peuvent aussi survenir, ou encore de nouveaux acteurs sont susceptibles d’attaquer un marché en jouant sur des subtilités juridiques.

Et l’open data privé ?

Enfin si les pouvoirs publics sont moteur et donnent l’exemple il ne faut pas oublier que l’opendata irriguera vraiment l’économie lorsque les organisations privés se sentiront aussi concernées, responsables et impliquées. Le jour où elles mettront largement à disposition des citoyens et de tous les acteurs économiques des données détaillées, en temps réel, dans un format réutilisable des données valorisables mais non stratégiques de leur modèle, alors l’opendata aura franchi une étape importante.

Rêvons un peu !

Lorsque par exemple les banques diffuseront les données précises sur les prêts accordés par agence, lorsque la grande distribution livrera en temps réel les prix de ses produits par magasins, quand les entreprises qui gèrent les autoroutes donneront à la seconde le nombre de véhicules par tronçon, par péage, quand les horaires, prix et géolocalisation de tous les moyens de transports seront disponibles simplement, alors nous assisterons sans doute à une métamorphose profonde de notre société.

Et nous oublierons alors ce qu’est l’open data tant tout cela nous paraitra naturel et normal.