Confidentiel : au tour d'Outbrain de passer à la caisse d'Adblock Plus

Confidentiel : au tour d'Outbrain de passer à la caisse d'Adblock Plus Le service de recommandation de contenus a négocié avec le bloqueur de publicités pour apparaître sur sa liste blanche. Une pratique de plus en plus courante... mais qui divise.

Le Financial Times révélait, courant février, que Microsoft et Taboola avaient accepté de payer l'allemand Eyeo pour que son bloqueur de publicité, AdBlock Plus, intègre leurs bannières dans sa liste blanche. Un petit tour sur cette fameuse liste permet d'apprendre qu'un autre spécialiste de la recommandation de contenus, Outbrain, vient à son tour de passer à la caisse. Un deal qui permet notamment aux clients français de l'Israélien, dont Le Monde, Slate, l'Equipe ou encore Jeuxvideo.com, de voir s'afficher les publicités Outbrain sur leurs sites. A l'international, ce sont des médias comme ESPN, CNN, ou Fox News qui bénéficient indirectement de la mansuétude d'AdBlock Plus. 

AdBlock Plus laisse bien passer les publicités Outbrain en bas de cette page du Monde © Capture d'écran

Ce nouveau partenariat entre Adblock Plus, le bloqueur de publicité le plus populaire au monde (il revendique 300 millions de téléchargements et 50 millions d'utilisateurs uniques mensuels), et un acteur majeur du monde ad-tech (près de 200 millions de dollars de revenus en 2014) n'est pas anodin. De plus en plus d'entreprises du secteur semblent aujourd'hui prendre le sillage des Google et Amazon, qui ont été les premiers à sortir le portefeuille. Il faut dire qu'avec des taux d'adoption qui oscillent entre 15 et 20%, les adblockers ont un impact de plus en plus fort sur les ressources de ces acteurs. Pour la France où le taux d'utilisation était proche des 17% au cours du mois de mai 2013, selon une étude de Clarity Ray, le manque à gagner pour le marché avoisine les 150 millions d'euros. 

Les géants ad-tech se tirent-ils une balle dans le pied ?

Après avoir ciblé les médias directement (et s'être heurté à un refus franc et massif), les équipes commerciales d'Adblock Plus semblent avoir changé leur fusil d'épaule en contactant les acteurs du monde ad-tech, chez lesquels elles trouvent un écho plus favorable. Ainsi les Google, Amazon, Microsoft et consorts jouent-ils désormais le rôle d'intermédiaires. Après avoir négocié un deal avec Adblock Plus (qui prélève une commission sur le bénéfice incrémental généré par le passage des publicités en liste blanche), ces derniers vont voir leurs clients les plus importants pour leur proposer de bénéficier de l'accord... moyennant commission. Une pratique de plus en plus répandue qui divise pourtant le secteur. "En payant ABP ils contribuent à financer le système qui tuera tôt ou tard leur métier d'origine, la régie display", analyse un concurrent d'Outbrain. Contactés par le JDN, les représentants d'Outbrain France n'ont pas voulu commenter le sujet, "étant donné la nature confidentielle des accords commerciaux". Le débat reste ouvert.