Arnaud Delattre (Greenwich Consulting) "La radio numérique va créer de nouvelles sources de revenus pour les diffuseurs"

La radio numérique terrestre sera lancée en France fin 2009. Elle devrait apporter un grand nombre d'avantages que détaille Arnaud Delattre, manager chez Greenwich Consulting.

 

Quelles sont les promesses de la radio numérique ? Quels sont les avantages attendus côté radios et côté auditeurs ?

La diffusion d'émissions de radio en mode numérique devrait apporter un certain nombre d'avantages, notamment pour les radios la possibilité d'étendre leur couverture de diffusion. Sur la bande FM actuelle, il n'y a plus de fréquences disponibles. Même la première radio en termes d'audimat, RTL, ne couvre que 70 % du territoire national aujourd'hui. Par ailleurs, la radio numérique va permettre d'associer des données - informations textes, images - au flux audio. Pour les éditeurs de chaînes, c'est l'occasion d'inventer de nouvelles sources de revenus, de créer de nouveaux supports publicitaires pour les annonceurs comme la possibilité de passer des photos d'un produit en parallèle du message commercial audio.

Côté auditeurs, la radio numérique promet une meilleure qualité de son (son 5.1), une offre de chaînes de radio plus vaste, la possibilité comme avec la TV sur ADSL aujourd'hui de faire du time shifting ou d'enregistrer des programmes numériques, d'avoir accès à un guide des programmes, et bien sûr donc de bénéficier d'informations et données associées à des programmes, comme par exemple de le nom de l'artiste et le titre de la chanson diffusée.

Pour les radios, il s'agit donc d'une réelle opportunité économique ?

Ce qui est certain, c'est que la radio numérique, outre l'extension de la couverture, va révolutionner la structure de coût des chaînes de radio. Dans un premier temps, ce sera un coût supplémentaire car les radios devront continuer à émettre sur la bande FM et en numérique. Mais à terme, cela va leur permettre de réduire leurs coûts de diffusion. Les coûts de diffusion sur la bande FM pour une radio nationale couvrant 70 % du territoire sont de 4 à 5 millions d'euros par an. En T-DMB [Terrestrial Digital Multimedia Broadcasting, Diffusion Multimédia Numérique Terrestre, norme officielle de diffusion de la radio numérique en France, ndlr], ces coûts sont deux à trois fois moins élevés. Donc oui, les radios voient le numérique comme une opportunité. Mais en même temps, elles sont aujourd'hui dos au mur.

La radio est le seul média aujourd'hui qui ne soit pas encore entré dans l'ère du numérique. Les équipements radio sont déconnectés du numérique. L'enjeu est donc que les équipementiers intègrent le plus rapidement possible la norme T-DMB dans leurs produits qui constitueront les terminaux radio du futur : récepteurs simples, récepteurs avec écran, mais aussi téléphones mobiles, lecteurs MP3, etc. Dans son plan France numérique 2012, Eric Besson [le secrétaire d'Etat au Développement de l'Economie numérique, ndlr] s'est engagé à imposer l'intégration progressive dans les équipements vendus en France de la réception de la radio numérique. Je crois qu'un amendement a été déposé dans ce sens.

Quel est le calendrier de déploiement de la radio numérique terrestre en France ?

En mars dernier, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a lancé un appel à candidature pour la radio numérique portant sur 19 zones géographiques, soit une couverture de 30 % de la population. Le déploiement de la radio numérique terrestre est en effet prévu pour l'an prochain. Cet appel d'offre a remporté un vrai succès, puisque 358 dossiers ont été envoyés au 1er octobre. Le CSA doit annoncer les dossiers éligibles dans les prochains jours et dévoilera la liste des candidats retenus, soit 54 radios, dans la courant du premier semestre 2009. En parallèle, il lancera un nouvel appel à candidature pour un deuxième multiplex de RNT. Le lancement officiel de la radio numérique aura probablement lieu au dernier trimestre 2009. L'objectif à terme est de couvrir 90 % de la population en 2011.