Abonnements mobiles : une facture pour chaque terminal ?

Selon la dernière étude KPCB, un utilisateur de smartphone lambda sort son téléphone de sa poche plus de 150 fois par jour ! La connectivité des individus ne cesse de s’accroître et on ne cesse de multiplier les usages que l’on fait de cet appareil servant à l’origine à rester en contact avec ses proches.

Le smartphone ne sert plus uniquement à appeler ou envoyer des messages, il peut également servir de plate-forme de réseaux sociaux, d’appareil photo ou encore de calendrier.
Beaucoup se diront que cette évolution des usages est un grand pas en avant, car cela signifie que la technologie a réussi à centraliser de nombreuses activités quotidiennes dans un seul appareil, néanmoins, cela peut être à double tranchant, surtout quand l’on considère que cette connectivité accrue signifie également que chaque individu se voit doter de plusieurs appareils.

En 2012, Deloitte publiait en effet les résultats de son étude Télécom 2012 selon laquelle les Français étaient multi-équipés. En effet, les Français possèdent plusieurs téléphones portables et autres appareils technologiques : tablettes, lecteurs MP3, etc. – 35 % des sondés affirment en effet posséder plus qu’un seul mobile. Cela nous ramène donc à une question que chaque individu est en droit de se poser : si nous possédons plusieurs terminaux mobiles, cela signifie-t-il que nous devons souscrire à plusieurs abonnements ?
C’est là qu’intervient le principe de Data packagée. Cette approche est plus simple pour les consommateurs qui n’ont plus à gérer qu’une seule facture et non plusieurs. Elle est aussi plus avantageuse quand ceux-ci utilisent davantage un terminal que l’autre pour accéder à certains services et ont le sentiment sinon de gaspiller une partie de leur abonnement. Du point de vue des opérateurs de téléphonie mobile, la procédure de facturation simplifiée réduit la charge administrative et permet donc de faire des économies. 
Côté opérateurs, cette approche peut aussi aider ces derniers à travailler plus intelligemment, car l’analyse de la consommation des données permet de dresser des profils de consommateurs et de segmenter les besoins de chaque catégorie. Sachant quels abonnés utilisent ces services et quels autres services ils apprécient volontiers, l’opérateur mobile peut développer des offres tarifaires et des abonnements packagés parfaitement adaptés aux besoins de chacun, avec des seuils ou crédits de consommation de données en conséquence. Il peut s’agir d’offres croisées ou additionnelles vendues à des clients fidélisés ou nouveaux, permettant aux opérateurs mobiles de générer du chiffre sans craindre de ne pas facturer assez.
Côté consommateurs, le nombre de forfaits mobiles ne cesse d’exploser – ayant dépassé les 73 millions en France au dernier trimestre 2012, selon l’Observatoire de l’ARCEP. Ainsi, une offre Data packagée donne accès à des services de communication riches (les appels en visio HD, par exemple) compris dans le forfait Data, plutôt que d’installer sur leur appareil les services « gratuits » de qualité médiocre des géants de l’Internet, dits Over-The-Top (OTT).  La compatibilité entre opérateurs est garantie par les grands fournisseurs de services, et les deux interlocuteurs n’ont pas besoin de télécharger la même application pour communiquer. De plus, comme les services sont liés au réseau et non plus au terminal utilisateur, il est possible de les regrouper dans le Cloud dans un même client.  Autrement dit, l’abonné a accès aux mêmes services, dans le même état exactement, sur l’appareil de son choix, et donc au même forfait Data. Les possesseurs d’un iPhone et d’un iPad bénéficient d’ores et déjà de cette approche.
Le déploiement des services LTE facilitera encore l’accès aux données de tous les abonnés mobiles, mais les opérateurs mobiles doivent s’assurer que le marché de la data restera rentable pour eux.
Ils pourraient vouloir revoir leurs offres Data pour remplacer le forfait par un tarif reflétant la consommation réelle de données. Selon BI Intelligence, il devrait y avoir plus d’1,5 milliard de smartphones en circulation d’ici à 2016, ce qui signifie que la demande de haut débit mobile va s’intensifier puisque les utilisateurs consommeront toujours plus de bande passante. Aux opérateurs mobiles de réfléchir aux moyens de satisfaire les actuels besoins de consommation de données, sans que leur stratégie d’aujourd’hui les mette à l’avenir dans une situation financière délicate. L’abonnement unique à partager entre plusieurs terminaux mérite qu’on s’y intéresse : il donne accès aux services intensifs en données, en étant plus simple, plus pratique et plus flexible d’utilisation pour les consommateurs, et il permet aux opérateurs mobiles de réaliser des ventes croisées ou additionnelles d’autres services.
 
La multiplication des terminaux mobiles génère des opportunités pour les opérateurs de réseau mobile qui vont pouvoir capitaliser sur la consommation croissante de données sur plusieurs terminaux et continuer de vendre leurs services voix et SMS. 
 
Mais avec cette approche, la question du prix se pose car l’évolution de la technologie et les potentialités accrues des smartphones vont nécessairement entraîner une augmentation de la consommation de  données. Les opérateurs mobiles qui envisagent ce modèle doivent réfléchir à ce que sera la consommation de la data mobile sur les terminaux individuels dans les années à venir pour élaborer leurs offres tarifaires en conséquence. L’étude de Tariff Consultancy Ltd suggère un crédit mensuel moyen de téléchargement de données de 22 Go en 2012. Une moyenne qui va forcément progresser dans les prochaines années avec la hausse de la demande de données.  Pour éviter le mécontentement des clients, il va falloir que les opérateurs évaluent l’ampleur de cette progression, qu’ils planifient leurs offres en conséquence et qu’ils communiquent pour expliquer leur stratégie.